Le car, le noir, la route, l’horizon sombre, la musique, l’immersion, le conducteur devant, la passagère voisine lisant à gauche.
Moi.
Sur une planète inconnue, dans une galaxie lointaine, plus lointaine que celle de Star Wars. Dans un trou noir, dans une étoile, dans un vide infini, un vide où ne résonne qu’une chose : The End.
Je n’ai jamais réellement accroché au style des Doors. Trop posé, ou trop différent. Je ne savais pas.
Mais en l’espace d’un album, en quarante-cinq minutes… j’ai perdu le fil des événements. Mes amis, à d’autres sièges se disputaient. Mais moi, je n’étais pas avec eux, j’étais autre part. Pas chez Pink Floyd, pas chez les Guns, pas chez Francis Cabrel… autre part.
Le blues, la basse, Jim Morrison, tout s’enchaînait à une vitesse folle. J’ai perdu le fil des événements, et ça m’a fait bizarre. C’était une sensation nouvelle, à laquelle je n’étais pas préparé.
Cinq minutes avant que ma mère me dépose devant le car, elle m’avait dit « tu t’attaques à du lourd, je trouve que c’est le genre de chose qu’on ne peut adorer qu’après avoir fumé une drogue ». Je ne me souviens plus quelle drogue elle a cité. Mais moi, je n’en avais pas fumé.
Quand j’ai fini, j’étais drogué. La bouche ouverte, dans le noir, mes amis se disputaient encore, ça avait l’air vraiment grave. Mais je m’en fichais. J’avais touché à quelque chose de différent, et ça m’avait retourné l’esprit.
A un moment, je me suis dit « heureusement que j’écoute ce genre de musique assis, cet album est tellement puissant que je tomberai raide dingue à la fin ».
L’album ne cessait de me confronter à des sonorités inédites, et ça me faisait du bien. Je connaissais déjà The End, mais jamais, mon écoute n’avait été aussi puissante…
Cet album m’a retourné l’esprit, et c’est l’un des rares qui y est arrivé.
Le car, le noir, la route, l’horizon sombre, après la musique, tout semblait différent. C’était The End qui m’avait changé, c’était The Doors qui m’avaient frappé.
Chef d’œuvre.