Peu d’albums d’electro peuvent se targuer d’avoir acquis un statut de classique et de le mériter. Devenu un incontournable des soirées, The English Riviera est un accomplissement pour Metronomy et pour l’electro-pop de manière générale.
L’album précédent, Nights Out, était un petit chef d’œuvre d’electro plutôt cérébrale et expérimentale, donnant un sentiment d’urgence sur des titres tels que « The End of You Too », « My Heart Rate Rapid » ou « On the Motorway ». Ce troisième album paraîtra peut-être moins intéressant aux amateurs de textures fouillées mais il est tout aussi réussi. Plus sensuel, il marque aussi un virage assumé vers la pop dansante. C’est comme si Nights Out retranscrivait l’excitation d’un départ en vacances, avec les joies et déboires de l’autoroute qui revient dans 2 titres (tiens, ça me fait penser à Kraftwerk) tandis que sur The English Riviera, on est enfin posé au bord de la plage, à écouter les mouettes du titre éponyme…
C’est une musique qui respire bon le soleil, l’amour et la tequila. Près de dix ans après, en pleine crise de la Covid-19, il peut donner l’impression (peut-être fantasmée ?) de retranscrire un certain âge d’or de la paix et de l’innocence. Souvenir d’une époque déjà lointaine où on était sur le point d’élire François Hollande et où ça semblait quand même un peu moins la merde qu’aujourd’hui (pas de pandémie, pas encore d’attentats, moins d’extrémistes au pouvoir…). Pour beaucoup d’entre nous aussi, c’était une autre période de la vie, peut-être plus légère et davantage ouverte en potentialités (ça paraît vieux d’écrire ça !) et la bouffée oxygénante de The English Riviera s’est alors avérée coïncider tout à fait avec cet état d’esprit.
Comment ne pas vibrer au groove de la basse de « We Broke Free » ? Comment ne pas être captivé par la mélopée quasi-religieuse de « The Look » puis emporté par le solo de clavier qui vient transfigurer son éternel retour minimaliste ? Comment ne pas être conquis par les refrains péchus de « The Bay » et en redemander lorsque le chanteur fait « it’s not Berlin » en appuyant bien sur le « ber » ? Comment ne pas être intrigué par « Loving Arm » et trouver succulent son contre-point organique ? Comment rester de marbre face à la montée en puissance qui caractérise le refrain de « Corinne » ?
Objet atypique ayant inspiré beaucoup d’autres musiciens, The English Riviera réussit l’exploit de poursuivre l’exploration électronique des deux premiers albums tout en ouvrant des brèches entre l’univers de l’electro et celui de la pop et du rock. Ces morceaux prennent d’ailleurs une seconde peau en concert, étonnamment plus rock. On a alors la confirmation que l’album a été concocté avec la passion qu’il sait retransmettre.