Tu te lèves le matin, la bouche pâteuse et la chevelure récalcitrante. Café lyophilisé et biscottes sous cellophane rapidement consommées, costard hâtivement enfilé, ta cravate est de travers et tes souliers sont mal briqués. Tu sors, ton dossier mal fagoté fini la veille à la main, tu cours après le métro par habitude, tu grimpes dans la boite à sardine, tu te laisse porter par ce cheval de fer souterrain abrutissant, tes naseaux saturés d'effluves d'aisselles poisseuses et d'haleines chargées. Tu sors du métro et te laisse porter par le courant de mornes anonymes vers la surface. Tu débouches sur le parvis de la défense, immense plaine de béton grisâtre balayée par les vents. Ton client t'attend dans 10 minutes au 37 étage et demi de la plus haute tour, monstre écrasant de fer et d'acier.
Presque mécaniquement, tout en faisant face à l'absurde quotidien de ta vie, tu saisis ton lecteur MP3 et glisse les écouteurs dans les conduits auditifs. Mode aléatoire total. Lecture.
Navajo Joe débute, hurlements et chœurs stridents. Coup de semonce, cinq notes de guitare résonnent. Tu relèves la tête, ton épique destin t'attend. Tandis que la musique t'envahit l'âme et le tripes, chacun de tes pas devient homérique, fort et pesant. L'inéluctabilité du moment te saisit, seul contre tous, armé de ta seule détermination, ton cœur se gonfle d'un courage insoupçonné, l'adversité n'a qu'à bien se tenir.
Tout ça pour dire qu'une compilation d'Ennio Morricone de ses musiques de films, c'est le meilleur remontant sonore qui soit. Testé et approuvé.