Quasiment depuis ses débuts en 2005, Begrime Exemious (BE), combo d’Edmonton (Canada), nous gratifie d’au moins une sortie par an. Et comme leur dernier longue durée date de 2012, il était temps d’en proposer un nouveau cette année.
J’aime bien ce groupe dans la mesure où il tranche avec pas mal de clichés qu’on attribue à la scène extrême canadienne : on est assez loin des codes du black/death caverneux et du black bestial qu’on a l’habitude d’entendre chez les groupes venant de ces contrées.
BE est profondément ancré dans ses racines : il y a autant de black, de death que de thrash et même de crust/grind dans leur musique. Disons qu’ils sont restés au stade où tous ces genres qu’on distingue aisément aujourd’hui étaient en pleine maturation et pouvaient encore allègrement se mélanger sans que ça choque qui que ce soit.
Selon les sorties, les colorations dominantes peuvent différer : Visions Of Scourge est par exemple le plus black/thrash de leur disco, en grande partie à cause de la production, style aussi prédominant sur l’EP Wasteland Of Damnation ; en contrepartie, la Tour Tape MMXIII est beaucoup plus black metal, limite bestiale ; le split Heretical Serpent Cult (avec Nuclearhammer) est sans doute ce qu’ils ont de plus death metal dans leur catalogue.
Malgré ces différences somme toute assez subtiles, BE a toujours gardé son identité intacte jusqu’ici.
Cette longue introduction était nécessaire pour vous dire que leur formule n’a pas changé malgré ce que la couverture semble présager. En effet, l’illustration évoque davantage un album de crust ou de grindcore qu’un album de black/death.
Le crust fait de toute manière partie de l’identité des Canadiens, même cette tendance n’est pas la plus flagrante dans leur musique ; et ce n’est toujours pas le cas sur ce dernier jet. Si l’imagerie ne donne pas dans le satanisme et l’antichristianisme habituels, la musique a gardé le côté evil que le groupe affectionne depuis le début.
On retrouve donc le BE qu’on connaît, avec une production bien organique et un poil baveuse sur les guitares. Je trouve les riffs particulièrement thrashy sur ce disque, ce qui lui donne un côté très accrocheur et dynamique. Les rythmiques sont suffisamment variées pour qu’on puisse distinguer les titres les uns des autres ; le tempo va du plus rapide (les blasts, qui sont finalement assez rares) au presque doom (Subconscious Nemesis).
La reprise du moment, c’est un titre d’Incantation figurant sur l’album Diabolical Conquest. L’intérêt me paraît limité, dans la mesure où le style BE n’est pas suffisamment éloigné et que la reprise n’a pas la lourdeur de l’originale.
Pour cet album, le groupe a choisi de ne pas proposer de morceau très long ; en effet, il n’était pas rare de retrouver même sur les EP un titre de neuf minutes. Je n’ai jamais trouvé nécessaire de faire durer un titre aussi longtemps chez eux, ça faisait plus remplissage qu’autre chose.
L’album apparaît dès lors plus digeste qu’un Vision Of Scourge.
Même si je reste persuadé que BE excelle surtout sur les formats courts (leur mini Primeval Satellite à ma préférence dans toute leur disco), il faut admettre qu’ils s’en sortent une fois de plus très bien. Le style reste le même, mais la redondance ne se fait pas sentir plus que ça.
Un album solide de plus, dans une discographie qui n’en manque pas.
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