The Final Cut me fait un peu de peine. Beaucoup lui reproche le contrôle total de Roger Waters, le fait que ça soit que du Waters, qu'il ne reste de Pink Floyd que le nom.
Et c'est vrai ! The Final Cut n'est pas un album de Pink Floyd, ou du moins, dans sa forme. C'est du Waters tout craché, c'est une mise en valeur des paroles plus que des instruments, c'est beaucoup de calme pour peu d'éclats, mais moi, ça ne me dérange pas.
Quand je me lance The Final Cut, je ne me dis pas que je vais écouter du Pink Floyd, mais du Waters. Quand on écoute The Piper At the Gates of Dawn, on est bien conscient qu'on sera face à du Syd Barrett, de même pour The Division Bell avec David Gilmour.
Pink Floyd n'a pas qu'un seul style. On a eu le style Gilmour, le style Barrett, le style où les quatre membres travaillaient d'égal à égal, et ici, c'est le style de Waters avec ses qualités et ses défauts.
Alors oublions qu'à cette période Waters était un gros connard, oublions le contexte chaotique de sa création et voyons ce que vaut véritablement The Final Cut. Et ce n'est pas dégueulasse, bien au contraire.
Je suis loin de trouver The Final Cut incroyable, je le trouve très bon, mais pas dénué de défauts. Certains reprochaient à The Wall des longueurs, et bien je trouve que The Final Cut en a bien plus. J'ai beaucoup de mal avec la face A qui, malgré certains morceaux assez percutants tel que Your Possible Pasts et The Post War Dream, se répète beaucoup sur la forme. C'est tout à fait correct, les quelques éclats de voix de Waters et les rares solos de guitare de Gilmour sont sublimes, mais le reste marque très peu.
Mais la face B quant à elle est plus qu'excellente. A partir de The Fletcher Memorial Home, il y a comme un crescendo assez puissant jusqu'à Not Now John. Comme par magie, Gilmour se fait un peu plus présent, s'imposant davantage à la guitare, mais aussi au chant où il profite des quelques vers qu'il a dans Not Now John pour envoyer tout ce qu'il a (et on a tendance à l'oublier, mais Gilmour en a dans le coffre). L'album nous quitte avec le tranquille mais non moins réussi Two Suns in the Sunset, douce balade à la guitare ou Waters balance une dernière fois tout ce qu'il a (et lui aussi en a dans le coffre justement).
Et voilà... dans la forme, The Final Cut est tout à fait correct. Mais cet album est aussi un cri de guerre contre... bah la guerre justement. De tout les albums de Pink Floyd, c'est probablement le plus personnel pour Waters. Il va même jusqu'à parler de son père mort pendant la guerre, n'hésite pas à attaquer Margaret Thatcher. Bref, on a là un album engagé abordant des sujets importants pour Waters et qui en parle avec sensibilité.
The Final Cut est donc un album avec des maladresses, qui a fait couler beaucoup d'encre et marque la fin de l'ère Waters. Mais lorsqu'on prend l'album tel quel, on y trouve une justesse et une sensibilité qu'on retrouve pourtant peu chez les Floyd. The Final Cut est un album par Waters, sur Waters, un album extrêmement personnel qui a ses défauts certes, mais qui demeure touchant.