Je dois avouer que j'ai écoute cette composition sans avoir vu le film de Brian de Palma.
On est en droit de se demander ce qui nous pousse à écouter une musique sans avoir vu le film pour lequel elle a été composée ? La réponse semble évidente lorsqu'il s'agit de John Williams pour lequel tant de partitions sont bien au-dessus du film qu'elle illustre (Jaws 2, The Lost World,etc.), mais si l'on cherche à généraliser, on pourrait considérer que le processus de l'auditeur dans cette posture est l'exact inverse de celui du compositeur : imaginer des images pour illustrer la musique.
Et c'est là qu'entre en jeu le talent de Williams, à savoir sa capacité à évoquer des ambiances et des émotions et son immense maîtrise de tous ses instruments.
Ce qui frappe à l'écoute, c'est donc cette ambiance sombre et pesante : un savant mélange entre un style évoquant Bernard Herrmann et des procédés me rappelant étonnamment ceux de la guerre des étoiles. John Williams, qui est au sommet de son art, à mi-chemin entre les deux perfections que constituent Star Wars et sa suite, dispose d'une maîtrise absolue de l'orchestration, que quelqu'un qui connaît le solfège saurait mieux vous expliquez que moi, bien entendu, mais ce qui compte c'est que cela se ressente : cela crée une sorte d'éloquence de la musique qui embrasse l'auditeur ; on se perd parmi des phrases mélodiques, maniées, remaniées et sublimées par l'écriture du maître.
De Palma a toujours su faire appel au plus grand compositeur : Bernard Herrman (Obsession, Sisters), Ennio Morricone (The Untouchables, Casualties of War, Mission to Wars), Pino Donaggio (Carrie, Blow Out, Dress to kill) et donc John Williams avec qui, hélas, ce sera sa seule collaboration.