Tout d'abord je tiens à prévenir tout lecteur que les notes attribuées étant injustes, je serais brièvement odieux, et que les critiques négatives étant ineptes, je serais méchant. Bien évidemment, cette critique ne s'adresse pas à ceux dont le cerveau débile ne leur permettrait pas de rester éveillé tout un épisode durant et j'adresse mes condoléances à leur défunte intelligence. Après ce petit coup de gueule de bon aloi, il est temps de dresser le portrait honnête de cette série européenne sur le fameux commissaire.
Autant le dire tout de suite, j'adore les enquêtes du commissaire Maigret ; j'en ai lu tous les romans, et vu tous les épisodes de cette célèbre adaptation coproduite par la France, la Belgique, la Suisse, la Finlande et j'en passe. Malgré cette passion, j'en reconnais les imperfections et j'avoue ne pas être fan de tous les épisodes, mais ce n'est bien sûr pas le fond du sujet.
"Maigret" est avant tout une série d'ambiance ; ambiance que Simenon lui-même recherchait dans ses romans. On est bien loin des courses poursuites sans intérêt, des séries au montage épileptiques où le meurtrier est découvert à partir d'un goutte de salive abandonnée sur le robinet du lavabo de la salle d'eau du sous-sol. Non, ici nous sommes bien face à une confrontation psychologique entre les protagonistes de l'affaire. Et si Maigret arrête les tueurs, il ne châtie que les coupables. Derrière cette expression sibylline, j'essaie de rendre compte du fait que le commissaire est capable de laisser en liberté certains personnages, meurtriers par inadvertance ou malchance. Et qu'au contraire, il essaie de faire payer psychologiquement les responsables, certes indirectes mais moralement responsable, du crime ; et cela se voit bien sûr dans chaque épisode. Ainsi, on peut dire que Maigret fait preuve d'une justice humaine.
En parlant d'ambiance, il faut également signaler l'effort très important accorder à la reconstitution d'une France d'antan, rendant hommage, à la manière de Simenon, à Paris aussi bien que la Province : décors, voitures, costume, rien n'est laissé au hasard. De plus, les scénaristes s'attachent à retranscrire l'atmosphère d'un milieu social, toujours à la manière de Simenon. Les personnages sont bien écrits, Maigret est toujours entouré de ses inspecteurs, ce qui contribue à donner à l'ensemble une sorte de réalité tangible. Et bien sûr l'aspect le plus palpable de cette ambiance c'est Maigret lui-même ; on aura rarement vu un acteur aussi investi dans son personnage; Bruno Cremer incarne à la perfection le commissaire et sa performance est comparable à celle de David Suchet dans Hercule Poirot, la série britannique.
Puisque nous en venons aux acteurs, il faut signaler que la série a toujours bénéficié d'un jeu de très bonne qualité (ce qui est appréciable), et de la présence de grands acteurs toujours partant pour montrer l'étendue de leur talents : Cremer que j'ai déjà cité, Anne Bessec qui interpréta Mme Crémer, Jacques Spisser dans le rôle inoubliable de Maurice de Saint-Fiacre, Jean-Claude Dauphin, Colette Renard, Michael Lonsdale à deux reprises, Alexandre Brasseur, Eric Prat, etc. Et du côté de la réalisation et de la mise en scène, l'ensemble est tout à fait honorable, sans être tape-à-l'oeil.
Une autre immense qualité de la série c'est bien sûr ses dialogues, toujours très travaillés et maîtrisés. Ce sont eux qui révèlent les relations des personnages, les ressorts psychologiques qui animent les conduites de tous ces gens. Et ils sont un régal surtout lorsqu'ils sont prononcés par Bruno Cremer et son aplomb indéfectible.
Enfin, signalons la musique qui est absolument fabuleuse : dès le générique, les notes suffisent à nous replonger dans l'ambiance nostalgique de ses drames que Simenon a habilement dressé autrefois. La composition de Laurent Petitgirard est très inspirée avec notamment des emprunts à Satie ou à Ravel qui rendent l'ensemble de la partition très agréable à écouter y compris en dehors du film.
Alors qu'est-ce qui viendrait ternir la note globale de la série ? Je dirais que cela tient plus à une appréciation personnelle des histoires qui sont plus ou moins passionnantes, mais cela ne retire rien aux qualités que j'ai tenté de présentées ci-dessus.
Note : 7,5/10