Quand on apprécie l'oeuvre de Simenon et son héros récurrent, on peut difficilement passer à côté de la série télévisée avec Bruno Crémer dans le rôle-titre, tant cette co-production européenne restitue particulièrement bien l'univers du romancier belge.
Certes, il s'agit d'une série d'atmosphère, au rythme guère trépidant, surtout en regard de la production américaine récente. D'ailleurs, quand j'étais plus jeune, je trouvais "Maigret" assez chiant, tout en regardant quelques épisodes par-ci par-là, avec un certain intérêt.
Mais dès que j'ai eu la maturité pour apprécier les bouquins de Simenon, la dimension psychologique fascinante de ses personnages et la structure parfois alambiquée mais toujours vraisemblable de ses intrigues, j'ai revu la série TV avec un autre œil.
Outre l'ambiance parfaitement retranscrite, il faut souligner la reconstitution soignée de la France d'après guerre, à Paris comme en province, alors même que les tournages se déroulaient le plus souvent en Europe de l'Est, mais aussi la qualité de l'interprétation, chaque second rôle bénéficiant d'un soin remarquable.
On voit ainsi défiler le ban et l'arrière-ban des comédiens français des années 90, si nombreux tout au long de la cinquantaine d'épisodes qu'il serait fastidieux (et même impossible) de tous les lister.
Bruno Cremer domine cette distribution de toute sa prestance, dessinant un commissaire Maigret froid et austère mais non dénué d'humanité, bien au contraire.
Si elle séduira difficilement les nouvelles générations, la série reste en revanche qualitative et intemporelle, loin de la caricature de programme pour grand-papa (et de sa moyenne dégueulasse sur SC). On peut ainsi parier que dans plusieurs décennies, on pourra se revoir un épisode de "Maigret" comme aujourd'hui un bon film noir des années 50.