Il était bien sûr impossible de donner suite à l'extraordinaire A Steady Drip, Drip, Drip, en espérant rester au même niveau, et un certain niveau de déception du fan de Sparks face à The Girl Is Crying in Her Latte était inévitable... surtout après la sortie du titre éponyme, pas terriblement convaincant en dépit d'un clip réussi avec Cate Blanchett. La bonne nouvelle est que, au fil des écoutes, alors que nous domestiquons ces nouvelles mélodies (qui parfois en rappellent des albums précédents), notre plaisir s'intensifie... Grâce en particulier à une production légère, élégante presque, ce qui est quand même une chose assez inhabituelle chez les Frères Mael qui ont souvent plombé d'excellentes chansons par des orchestrations et des productions inappropriées.

Si l'album n'atteint pas l'excellence du fait de quelques titres plus faibles (Veronica Lake, Escalator, par exemple), il ne manque heureusement pas de réussites mélodiques (You Were Meant For Me, Not That Well Defined), ni de textes réjouissants (Nothing Is As Good As They Say It Is, et son bébé ne voulant pas vivre dans le monde qu'il découvre à sa naissance, When You Leave et son récit paranoïaque d'une soirée où le protagoniste pense qu'on attend son départ). Les morceaux électro bénéficient de sonorités moins polies qu'à l'ordinaire (qui a prononcé le mot magique de Suicide ? N'exagérons rien...), tandis que les titres symphoniques ont une belle ampleur. On regrettera la part limitée laissée aux chansons rock et aux guitares électriques, mais Nothing Is As Good As They Say It Is est vraiment excellent et pourrait figurer sans honte sur Propaganda.

On doit donc reconnaître que les Frères Mael réussissent à pérenniser la reconnaissance nouvelle dont profite Sparks, sans pour autant jouer la carte de la sécurité. Il y a suffisamment d'idées nouvelles sur The Girl Is Crying in Her Latte pour confirmer que Ron et Russell ne comptent pas se reposer sur leurs récents lauriers. Bravo !

PS : et puis, comme souvent avec Sparks, l'interprétation sur scène de certaines chansons leur confère une force inattendue, comme nous avons pu le constater au Grand Rex ce même mois de juin.

[Critique écrite en 2023]

Créée

le 28 juin 2023

Critique lue 94 fois

6 j'aime

Eric BBYoda

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6

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