La douleur et les larmes.

Malgré une pochette d'album et un titre douteux, "The GOAT" est une nouvelle version de "Trap conscient" destiné à une armée de cœurs brisés. Alors qu'une grande partie de la production et du développement musical de cet album sonne parfois identique, les performances vocales émotionnelles et la profondeur lyrique sont à nouveau étonnantes et augmentent considérablement l'expérience.

Je ne vois que peu de rappeurs décrire aussi bien un tel parcours de vie sinueux plombé par la violence, la mort et le désespoir. Polo G me fait penser énormément à Boogie et son magnifique album "Everything For Sale". Non pas pour le rap ou la production mais bel et bien pour le ressentiment qu'il dégage. L'artiste ne se plaint pas, il montre juste la réalité sombre.

Vous l'aurez compris, l'idéal pour rentrer totalement dans "The GOAT" est de comprendre un minimum l'anglais. Parce que l'écriture est assez remarquable et la façon dont il livre ses funestes lyrics le différencie nettement des autres trappeurs.
C'est presque comme s'il allait dans la cabine d'enregistrement en portant l'esprit de ses frères tombés au combat. C'est le chagrin qui coule dans les veines de ce jeune homme quand vous l'entendez pleurer la perte de son ami Juice WRLD sur "21": Can't relapse off these drugs, man, R.I.P to Juice, We was tweakin' off them Percs, I popped my last one with you.

Bien que Polo G puisse continuer de nourrir son noyau de fans avec ces fameuse chansons brumeuses, mélancolique voire menaçantes, il essaie toutefois de nouvelles choses sur THE GOAT pour tenter de toucher de nouveaux publics. Il explore son côté "love sensible" sur «Martin & Gina» et «Beautiful Pain (Losin My Mind)». Les deux chansons sont des tempos plus lents et il semble plutôt à l'aise pour exprimer ce genre d'émotions. Peut-être que cela conduira Polo G à s'ouvrir davantage et à toucher davantage un public féminin.

Autre point positif, les featurings (plus nombreux que sur "Die A Legend"), montre que Polo G peut très bien s'intégrer avec d'autres artistes, les titres concernés sont d'ailleurs pleinement réussis.
"Flex" et "Be Something voient Juice WRLD et Lil Baby très à l'aise et "Go Stupid" sur une Prod de Mike Will Made It montre que Polo G, aidé de Stunna 4 Vegas et NLE Choppa, peut tout à fait nous casser la nuque avec un Banger puissant.

Pour finir, l'empreinte de 2PAC sur "Wishing For Ahero (Ft BJ The Chicago Kid)" est une outro mémorable. Comme dit le morceau, cette fin est un "sourire à travers la douleur et les larmes".
Polo G sur ce morceau n'est rien de moins que poétique et ne gaspille pas 1 ligne. Une grande chanson qui se termine avec sa soeur :
“you finally made it big brother, you’re the goat”

L'avenir nous le dira...