Que dire de cette partition originale qui, à juste titre, valut à Alexandre Desplat l'Academy Award de la meilleur Partition Originale après sa 8e nomination ?
Tout simplement que sa composition est parfaite. Il est certain qu'elle ne plaira pas à tous, mais qui viendra contester ses indéniables qualités. C'est un des rares films de l'année 2014, avec Whiplash et Interstellar, dont la musique soit si mémorable ; et non seulement mémorable, mais aussi parfaitement égale en qualité avec le film pour lequel elle a été composée.
Ce qui marque en premier c'est le choix de l'instrumentation. Quand la plupart des compositions de nos jours se tournent vers la musique électronique (sans que ce soit un défaut par ailleurs) ou vers de gros cuivres (de plus en plus) assourdissant, Desplat reprend les instruments acoustiques très modulables. Ainsi, on note les mélodies nonchalantes que développent la balalaïka. Et, comme dans Moonrise Kingdom, le précédent film de Wes Anderson, c'est la présence des timbales qui est très marquante à l'oreille (d'ailleurs on trouve déjà ces timbales dans son second film Rushmore).
Car si la musique de Desplat s'écoute très bien en dehors de son contexte, c'est bien leur assemblage aux images qui rend l'ensemble si plaisant. La musique n'est pas là pour remplir ou accompagner les scènes, mais pour la souligner, la magnifier : mandoline aux moments les plus légers, cymbales pour accompagner les scènes "d'actions", les choeurs masculins à la manière de l'armée Rouge qui évoquent l'Europe de l'est, et surtout un magnifique "Kyrie" dans la scène du monastère.
Rarement une musique aura été pour moi aussi évocatrice ; et lorsque j'entends cette musique je revoie M. Gustave et Zéro parcourant la République de Zubrowka, à moto, en train et même à pied.
Une musique qui donne la pêche !