À la longue, on se rend compte que Mastodon est beaucoup plus un moyen de transport vers un voyage musical qu'un groupe comme les autres. En fait, il ne l'est pas du tout. Ça ne ressemble à rien d'autre alors on oublie le plagiat et les influences trop apparentes. C'est une atmosphère particulière au groupe, qui, cette fois-ci, rend sa musique un peu plus accessible. Sans dire qu'il perd en qualité cependant, il s'agit plutôt d'une accessibilité relative. On s'entend pour dire que ce n'est pas taillé pour la radio, toutefois, la route empruntée est moins sinueuse qu'à l'accoutumée. D'habitude, on s'exprime en texture, cette fois, on le fait mais de manière plus directe, efficace, incisive.
Ce qui donne un album absolument parfait pour le débutant qui s'initie à Mastodon puisqu'il offre le meilleur des deux mondes. Il donne à l'auditeur sa dose d'atmospherique et l'accomplit de façon psychédélique mais aussi, il procure une force plus carrée, plus mécanique, bref, plus métallique. Ainsi, mis à part la chanson titre ( véritablement sludge, stoner, ambiante) on se tape un peu plus d'agressivité ce qui donne un résultat fort correct si l'on accepte la perte de brutalité des précédents albums. Et j'irais jusqu'à pousser une analogie douteuses quoique possiblement véridique. Mastodon suit sensiblement la même tengeante qu'In Flames dans sa manière subtile de descendre toujours d'un cran sa brutalité primitive pour enligner sa musique dans une direction très personnelle au groupe. Comme s'il nous préparait, assez adéquatement, à ce qui s'en vient, par la suite...
Dans le cas de ce groupe, il s'agit d'une véritable bénédiction puisqu'il mûrit bien. Avec leur dernier disque en liste, Emperor of Sand, ils réussissent à vraiment insuffler à leur musique un côté accrocheur tout en teintant le tout, de leur couleur propre. Et le voyage en vaut largement la chandelle, divaguant musicalement jusqu'à nous faire croire qu'on est dans un putain de désert. Bel exploit de construire un concept et de réaliser que c'est réussi. Combien n'y arrive pas ?
En somme, sur mon échelle préférentielle, il s'agirait du numéro deux dans la discographie, après leur plus récent méfait. Une médaille d'argent brillamment méritée considérant le virage moderne qu'à entreprit le Band. Tout doucement, sans brusquer l'amateur, il parcourt le concept, lui donne vie, le jette à la figure de l'auditeur ( Spectrelight, The Ruiner, Deathbond...) et le malmène sournoisement jusqu'à y prendre goût. Et c'est à cet endroit que réside la force de Mastodon...
Provoquer une entrée dans un univers complexe, réussir à capter l'attention, et telle une toile d'araignée, vous colle à l'ambiance et vous fait prisonnier de son emprise...
7.8/10 Décidément une bonne cuvée, pas trop de défaut, si ce n'est l'impression quelque fois d'entendre une seule et longue chanson très lancinante, langoureuse, empreinte d'une certaine volupté ( ça peut sentir la drogue sur cet opus). Un must-have pour tout amateur de Mastodon qui, avec cet album, réussit encore à se démarquer de la masse et à être lui-même. Et c'est plutôt rare de nos jours de voir des groupes qui évoluent en restant fidèle à leur style.