Linkin Park, c'est un peu le groupe de ma vie. Le groupe qui a marqué mon adolescence au fer rouge. J'ai tellement écouté les deux premiers albums (à raison de plusieurs fois par jour pendant des mois voire des années consécutives) en plus de Reanimation, que les CD sont tout griffés et que j'ai dû changer les boitiers plusieurs fois. C'est dire. Mais c'est aussi le groupe que j'ai jamais trop assumé d'écouter, et encore moins d'admirer ... (par exemple Hybrid Theory ou Meteora ne font même pas partie de mon top 10 ah ah) (edit oct. 2017 : bon maintenant c'est fait, il le fallait). Trop critiqué, trop décrié, trop catégorisé de commercial, Linkin Park a rarement été considéré comme un groupe crédible dans le milieu du rock (et encore moins dans le milieu du metal) pour ceux qui aiment ce milieu justement, et encore moins apprécié à sa juste valeur.
Néanmoins, j'ai toujours suivi ce groupe parce qu'on ne se défait pas si facilement de ses premiers amours. Si avec les années on finit parfois par prendre du recul, de s'en éloigner, de se dire que tout cela appartient au passé, on ne s'en détache jamais vraiment. Pour preuve, lorsque j'ai eu l'occasion inespérée - que dis-je - l'extrême chance de les voir en concert lors de leur passage en 2011 au Main Square festival à Arras, j'ai retrouvé mes 13 ans. J'ai pleuré. Des vrais gros sanglots, tellement j'étais émue, tellement je rêvais de ce moment depuis des années, de pouvoir chanter Numb, Crawling ou encore In The End en choeur avec mes idoles, de les voir en vrai, même si cela faisait déjà un petit moment que j'avais laissé Linkin Park de côté. Vous pouvez trouver cela ridicule, naïf ou que sais-je encore, mais moi je me suis prise une vraie baffe dans la gueule ce soir là. C'était ma jeunesse que je revoyais défiler sous mes yeux, mes envies de rébellion, mes moments de solitude, d'incompréhension, de doute, que je soulageais alors en écoutant Linkin Park. C'était la nostalgie dans ce qu'elle avait de plus pure. Et donc tout ça pour dire que même si je les avais un peu perdu de vue, ils restaient toujours là présents quelque part en moi.
Avec ce nouvel album, j'ai l'impression que Linkin Park renaît littéralement de ses cendres pour mieux se relever, tel un Phénix. Peut-être pas aussi flamboyant que lors de sa toute première jeunesse, mais cela reste tout de même une belle renaissance. Cet album signe véritablement un retour aux sources, mais pas dans le sens où on peut l'entendre. Ce n'est pas un retour dans ce qu'ils faisaient au début, c'est un retour dans la musique qu'on pouvait entendre avant (j'me comprends) : un retour au rock, au punk, aux riffs bourrins, aux hurlements rageurs, à la brutalité, mais sans le rap, et c'est une vraie surprise. Surprise positive vous vous en douterez, et cela démarre dès la première seconde du premier titre, pour continuer tout du long. The Hunting Party prend ici un virage à 180° comparé à Living Things qui s'était musicalement égaré on ne sait trop où, comme ce fut le cas avec Minutes To Midnight après Meteora. Mais si en 2007 le changement de style amorcé fut presque brutal, surprenant mais dans le mauvais sens (en ce qui me concerne en tout cas), ici il est jouissif. Alors bien sûr je ne renie pas les 3 albums précédents, que j'ai appris à plus ou moins apprécier avec le temps, certains morceaux en tout cas, mais je ne retrouvais plus ce que j'aimais chez Linkin Park à l'époque. Seule la voix de Chester arrivait encore et toujours à me faire de l'effet.
Si on peut dire que ce 6ème album est très bon dans l'ensemble, bien meilleur en tout cas que les précédents, ça manque quand même assez de morceaux mémorables, de tubes quoi. Est-ce un mal pour un bien ? Serait-ce une façon de dire que Linkin Park n'est pas, et n'a jamais été, un groupe commercial ? C'est ce que j'ai envie de croire. En tout cas grâce à The Hunting Party, les membres de Linkin Park prouvent une fois de plus qu'ils ne se contentent jamais de faire du réchauffé et essayent toujours de trouver le moyen de se renouveler, de se diversifier, d'évoluer, tout en conservant l'âme du groupe depuis ses débuts : sa fougue, sa créativité et le mixe des genres. Je pense que je n'ai plus peur de le dire : j'aime Linkin Park du plus profond de mon coeur, et il en sera toujours ainsi.