The Inevitable End par Strangeman57
Et la voilà, l'inévitable fin ! Ici, si j'ai bien compris, il ne s'agit pas de la fin d'un groupe mais de la fin de leurs albums physiques. Mais après tout, n'est-ce pas la fin du format physique dans l'ensemble de l'industrie musicale ? Royksopp étant un groupe électro qui a souvent questionné le futur, écrit sur des thèmes de science-fiction, on peut alors en conclure que c'est loin d'être une fin mais un nouveau départ. Dans quels formats futuristes vont-ils créer, sera t-il toujours question de musique, vont-ils révolutionner l'industrie musicale ? En tout cas, ils semblent avoir des idées derrière la tête...
Mais concentrons-nous sur ce dernier disque donc. De mes émois adolescents sur « Poor Leno » à mon orgasme instrumental sur « The Alcoholic » en passant par le tube « The Girl And The Robot », j'ai toujours trouvé que la musique de Royksopp était teintée de beauté et de mystère. Il ont emprunt leurs compositions d'une certaine nostalgie et je pense que c'est un des seul groupes a avoir montrer musicalement quelles sortes d'émotions pouvaient éprouver les machines, et ce, sur l'ensemble de leur discographie. Cette « Inevitable End » ne me contredira pas, je dirais même qu'il est le plus triste de leur carrière, il faut dire qu'il aborde le thème central de la mort.
On commence sur des exercices de styles ; « Skulls » et « Monuments » nous montrent qu'ils sont encore dans la course niveau électro avec des bombes bien puissantes, mais qui n'en sont pas pour autant des tubes contrairement au « Do It Again » de Robyn sorti plus tôt cette année (et dont le « Monuments » ici n'est qu'un remix). Il faut dire que les singles de Royksopp sonnaient déjà à part sur les ondes, on ne s'attendait pas forcément à entendre ce genre de choses. « Poor Leno », bordel, mais qu'est-ce que ça foutait sur NRJ et MTV à l'époque, avec son ambiance froide et éthérée ? Et ce « Senior » qui ne contenait aucun tube... oui, ils ont définitivement arrêté de faire avec les médias mainstream, et c'est tant mieux.
« Sordid Affair » sera représentatif du reste de l'album. De l'électro rythmée et dotée d'une belle atmosphère, magique et mélancolique. On s'y plongera toujours plus de titre en titre, Jamie de « The Irrepressibles » (groupe dont je conseille fortement le premier album) possédant le timbre de voix parfait pour l'univers du duo, à la fois fragile et puissant. « You Know I Have to Go » se veut alors une longue ballade, minimaliste, plaintive et répétitive, dans une ambiance éthérée. « Here She Comes Again » est plus contemplative, comme si l'on se promenait dans un chemin teinté de souvenirs.
En compagnie du chanteur, restent « Compulsion » et « I Had This Thing » qui, même si elles sont réussies, n'atteignent pas le même sommet et d'ailleurs, n'utilisent pas sa voix si particulière dans la pleine mesure de ses capacités. Puis ces titres durent quand même entre 5 et 7 minutes, ce qui peut finir par lasser. Une autre norvégienne (encore inconnue de ma culture), Susanne Sundfor sera la voix de deux autres chansons : « Save Me » et la sublime « Running to the Sea ». Robyn, leur camarade de toujours apparaîtra encore sur « Rong », courte et minimaliste, jouant sur un auto-chorus réussi. Enfin, l'instrumental « Coup de Grace » et « Thank You », avec un retour aux Vocoders de l'intro, concluront l'album honorablement.
Avec cette « Inevitable End », Royksopp s'échappe du format physique de la plus belle des manières possibles. Aussi cohérent qu'un « Senior », aussi tubesque qu'un « The Understanding », aussi naïf qu'un « Junior », encore plus nostalgique et émotionnel que l'ensemble de leurs œuvres... nous avons ici une parfaite représentation de leur carrière, un résumé sous forme de best-of qu'avec de nouveaux morceaux. Et on espère évidemment que cette carrière n'en est qu'à ses débuts et qu'ils continueront encore à nous faire rêver, quelle que soit la façon. « Thank You » à vous aussi !