Et le Death Mélodique fut
Il est des albums où, une fois l'écoute terminée (et je parle de la première écoute), on ressort touché. J'entends par là, que l'on passe par tout un tas d'émotions. Surprise, enchantement, envie de se défouler… Et rien que pour ces effets produits, on ne peut qu'attribuer une note maximale à The Jester Race.
Voilà donc le deuxième album d'In Flames, apôtre du Death Metal Mélodique, qui déboule en 1996. Apporté sur un plateau d'argent par les trois pères fondateurs que sont Dark Tranquillity, At the Gates et donc In Flames, le Death Metal Mélodique va poser les bases d'un renouveau au sein de la scène Metal qui, au milieu des années 90, avait furieusement besoin d'un bon coup de pied aux fesses. Il deviendra l'une des principales sources d'inspirations de bien des groupes modernes que nous connaissons aujourd'hui tels Trivium, Killswitch Engage ou encore Soilwork pour ne citer qu’eux.
Mais revenons donc à The Jester Race, car il faut bien justifier sa magnificence!
La grandeur de cet album s’explique dans un premier temps par la stabilité gagnée par In Flames au cours de cette année 96. En effet, exit Michael Stanne, vocaliste de session très talentueux qui ira faire les beaux jours de Dark Tranquillity, et bonjour Anders Frieden, ancien chanteur de... Dark Tranquillity qui devient donc le chanteur permanent d'In Flames. Arrivée également de Bjorn Gelotte, guitariste qui épaulera désormais Jesper Strömblad et deviendra LE numéro 2 au poste de tripoteur de cordes.
Justement, Jesper Strömblad, fondateur de la formation de Göteborg, véritable leader de son équipe, est également un compositeur hors-pair, et nous sert sur un plateau de véritables merveilles.
Et de merveilles, cet album en est rempli. La première d’entre-elle glisse instantanément dans vos oreilles, il s’agit de Moonshield, probablement l’une des meilleures compositions d’In Flames. L’introduction acoustique est splendide, berce l’auditeur avant de l’expédier dans un voyage sombre et mystérieux, emporté par une mélodie à la fois rageuse et douce. Les leads de guitare sont tout simplement jouissifs!
Ce sens inné de la mélodie chez le combo de Göteborg sera désormais leur marque de fabrique et va leur donner une notoriété assez importante dans la grande famille du Metal. Les vocaux hargneux de Frieden ont d'ailleurs été plutôt boudés par la production qui met bien plus en avant la mélodie. Ici, la voix semble assez étouffé, mais cela est un véritable apport au son de l’album en général, puisqu’il lui confère un certain aspect mystérieux qui se marie parfaitement avec l’atmosphère de l’album. Cela se ressent dans les textes très profonds de Strömblad qui sont parfois assez difficile à comprendre, utilisant aisément la métaphore pour y dénoncer des problématiques sociales et humaines. Le personnage du "Jester" véritable mascotte du groupe, bouffon qui représente alors une parodie de l'être humain, est, et sera une thématique récurrente dans les textes d'In Flames.
Coté mélodie, le départ parfait de l’album, initié par Moonshield, se retrouve également dans des morceaux tout aussi somptueux comme Artifacts of the Black Rain et sa rythmique infernale, le refrain extrêmement accrocheur du titre éponyme, l’efficacité redoutable de December Flower, l’un des meilleurs titres de l’album. On retrouve ce savoureux mélange de leads rapides et inspirés et d’arpèges harmonieux et prenants. Une recette qui s’avère gagnante, et primordiale dans le renouveau que j’évoquais plus haut.
Il est assez intéressant de noter que December Flower symbolise les prémices de ce que va devenir In Flames dans les années à venir. Une véritable machine à riffs, et surtout, un Grand du Death Metal Mélodique ; ce morceau aurait tout à fait sa place sur un album comme Clayman.
Impossible de trouver un morceau « faible » sur la galette. De Moonshield à Dead God In Me, le groupe réalise un parcours sans faute, et se permet même d’ajouter 2 morceaux instrumentaux, ni trop longs, ni trop courts. Une inspiration mélodique des plus justes, qui ne laisse aucune place à la lassitude.
Vous l’aurez compris, The Jester Race est tout simplement un chef d’œuvre, une pierre angulaire du Death Metal Mélodique, voire du Metal tout court. Celui-ci a élevé la Suède au rang de place forte du Metal européen, érigé In Flames en tant que maître artificier du genre (avec tout le respect que l’on doit à Dark Tranquillity, le bébé de Strömblad est bien plus populaire et plus accessible, ce qui lui donne une force supplémentaire.). C’est aussi le point de départ d’une évolution constante et d’une histoire passionnante d’un groupe qui à chaque album surprendra ses aficionados, que ce soit dans le bon ou mauvais sens. Mais ça, c’est une autre histoire !
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.