The Key
7.7
The Key

Album de Nocturnus (1990)

Lorsque le Death Metal naît aux États-Unis à la fin des années 80, l’imagerie de ce dernier est remplie de zombies, de bouchers et de bains de sang avec des artworks d’albums qui se veulent choquants et crados. Mais arrêtons de se mentir, passer le cinquantième album écouté, ça devient vite gavant de voir encore et encore les mêmes zombies qui gerbent leur organes sur des logos écrits avec un crayon dans le nez.

Alors quand Nocturnus débarque dans les bacs à disques en 1990 avec leur premier album, le Death Metal quitte la terre ferme pour s’envoler vers l’espace, au pays des cyborgs tueurs et des extraterrestres sanguinaires.

Fondé en 1987 dans la masse des groupes de Death originaires de Floride, Nocturnus se différencie du reste des groupes de Metal extrême par la présence d’un instrument inédit dans ce genre de formation à l’époque : les claviers. En effet, pour la première fois dans le Death Metal, des synthés sont présents tout au long de la galette et non pas juste pour des intros/outros. The Key est donc considéré par beaucoup (moi inclus) comme le premier album de Death Metal Progressif de l’histoire. Comme quoi, si Death avait mis des claviers sur Scream Bloody Gore, ils auraient pu inventer deux genres d’un coup.

Ce premier album placé sous le thème de la science-fiction nous conte l’histoire d’un cyborg qui voyage dans le passé jusqu’à l’an zéro pour tuer Jésus Christ et ainsi empêcher la création du christianisme et fonder un empire pour contrôler les humains. Ainsi, même dans l’espace, le Metal se voit contraint de répandre le meurtre et la violence.

Avec une histoire digne d’un excellent nanar de SF, Nocturnus peut donc nous plonger pleinement dans son Death Metal futuriste et colérique.

À première vue, The Key est un album aux sonorités semblables aux autres albums du début du Death Metal comme le faisaient Morbid Angel ou Obituary. Mais en réalité, ce disque se distingue quand même des autres albums de Death de l’époque.

L’ensemble des guitares et de la batterie est lourd et agressif, ça alterne entre des passages rapides et des breaks bien lourds comme on en trouve sur les meilleurs albums du genre. La voix de Mike Browning rappelle celle de David Vincent de Morbid Angel, saccadée et enragée. L’album dans son ensemble est rempli d’une rage primale et adolescente typique des premiers albums de Metal extrême. Mais les riffs sont et les solos sont loin d’être basiques et apportent une véritable technique à l’agressivité du Death Metal.

Quant aux fameux claviers, ils sont à double effet : seuls, ils rajoutent une certaine majesté qui nous plonge dans un monde futuriste, et avec les autres instruments, ils contribuent à l’ambiance et permettent de rendre la musique plus complexe et plus savoureuse.

Et si vous pensez que les claviers rendent le Metal plus doux et accessible, c'est que vous n'avez pas idée de la puissance que peuvent avoir des touches et des logiciels. Les claviers de The Key évoquent des sonorités extraterrestres, des vaisseaux aux architectures complexes, et de sombres histoires spatiales. Quand on y pense, cet album ne serait pas le même si il n’y avait pas eu de claviers. Même avec les thèmes de SF, la musique aurait sonné beaucoup moins bien.

Et pour la pochette, moi qui me plaignait des zombies et des cadavres, le problème est réglé ! Un monstrueux humanoïde fait de câbles et d’aciers se tient au milieu du vide spatial, accroché à une structure qui semble être un vaisseau. Si l’artwork en lui-même est plutôt monochrome, il évoque bien les sonorités du disque. Un son brutal et métallique qui voyage à travers les galaxies grâce à la magie de la technologie.

Mêlant la colère traditionnelle du Death Metal et la puissance des ckaviers, The Key de Nocturnus est un classique du Death Metal. En brisant les codes du genre, le groupe parvient à créer une œuvre unique : massive et furieuse mais aussi mystique et complexe. Un album de Metal riche où les fans de Death traditionnel peuvent aussi bien trouver leur compte que les amateurs de musique extrême plus perchée.


Top 3 : Droid Sector, Neolithic et Lake of Fire

Créée

le 19 août 2022

Critique lue 38 fois

1 j'aime

Arthur Dunwich

Écrit par

Critique lue 38 fois

1

Du même critique

Trois nuits par semaine
Arthur-Dunwich
8

You think you're a Man

Un film français sur le milieu du Drag qui promet de ne pas être gênant et rempli de clichés détestables ? Pas le temps de réfléchir, j'y cours ! J'ai appris l'existence de ce film grâce à la page...

le 13 nov. 2022

12 j'aime

The Crow
Arthur-Dunwich
8

La Vengeance est un beau Corbeau endeuillé

C'est le mois de Noël ! Il n'y a pas un centimètre de neige, les gens se pressent dans les magasins comme des animaux et je croupis dans ma chambre sans savoir quoi faire. Le moment idéal pour se...

le 12 déc. 2023

11 j'aime

3

Le Roi et l'Oiseau
Arthur-Dunwich
8

Conte d'un matin de février

[Storytime introductif, réflexion nostalgique]Dans notre parcours en quête d'oeuvres, il y a toujours des gens pour nous faire découvrir de nouveaux horizons : des proches, des connaissances ou de...

le 12 mars 2023

9 j'aime