Il faut toujours se méfier lorsque Bowie commence par un titre fleuve (Station to Station, Blackstar...). C'est le signe d'un album sombre et personnel : "the monster was me..." Bowie se branche désormais sur l'électricité à l'aide de Mick Ronson et de Tony Visconti. Quelques sonorités troubles, avec le clavier Moog, le phasing sur la chanson titre, créent une ambiance singulière. Et ça balance neuf titres rock seventies bien foutus avec des obsessions vénéneuses : le thème du surhomme, la manipulation, l'androgynie (la pochette en robe, le titre d'ouverture), l'occultisme et la folie en particulier. Une de ses plus belles chansons pour finir. La version de l'album remixée par Visconti en 2020 et intitulée Metrobolist vaut largement le détour.

Dans le studio, le groupe expérimente des titres en jam sessions, des compositions électriques sur lesquelles Bowie pose des textes étranges, poétiques et torturés, reflets de ses tourments intérieurs. "En 1970, je deviens moi-même. Ce moi, à en juger par The Man Who Sold the World, est très perturbé. J’étais très préoccupé par l’état de santé mental de mon demi-frère Terry, qui était alors hospitalisé dans un établissement psychiatrique. Il était soigné pour schizophrénie et pour neurasthénie. Parfois, il venait passer un week-end avec moi. C’était très effrayant, car je reconnaissais chez lui certains traits de ma personnalité. J’avais la trouille de sombrer à mon tour dans la maladie, dans la folie… Mon écriture s’en est fortement ressentie…"Extraits du formidable entretien avec Jean-Daniel Beauvallet, à Londres en juin 1993, pour Les Inrockuptibles.

Amaury-de-Lauzanne
8

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs albums de David Bowie

Créée

le 4 janv. 2024

Critique lue 18 fois

Critique lue 18 fois

D'autres avis sur The Man Who Sold the World

The Man Who Sold the World
EricDebarnot
8

"Zane, zane, zane, ouvre le chien !"

Ah, The Man Who Sold the World, voilà un album « compliqué », un album qui divise, dans la discographie de David Bowie ! Un album, qui lorsque nous l’avons découvert fin 1972, dans la foulée de Ziggy...

le 24 juin 2023

16 j'aime

3

The Man Who Sold the World
-Wave-
8

Critique de The Man Who Sold the World par -Wave-

Après un album folk passé quelque peu inaperçu, Bowie embauche un guitariste de génie, Mick Ronson, et s'envole vers des horizons hard rock d'une efficacité redoutable. Inspiré de groupes tels que...

le 23 avr. 2012

4 j'aime

The Man Who Sold the World
Muffinman
7

The Woman who Sold the World ?

Personnellement, je trouve que le morceau le plus faiblard est "She Shook me Cold". En fait, en dehors de "Space Oddity" (la chanson) Bowie n'a jamais eu de succès avant Hunky Dory (et encore ce fut...

le 1 févr. 2015

2 j'aime

Du même critique

Navalny
Amaury-de-Lauzanne
10

"Qui garde le tyran quand il dort ?"

La mort à 47 ans dans une geôle paumée dans l'Arctique russe, ça vous campe un bonhomme. De retour d'un séjour en Allemagne où il se remettait péniblement d'un empoisonnement du FSB, Navalny choisit...

le 16 févr. 2024

2 j'aime

Gigolo
Amaury-de-Lauzanne
2

Quand Bowie passe de sa navette spatiale au navet spécial....

Après l'extraterrestre TJ Newton tombé sur terre, Bowie campe un gigolo dans le Berlin décadent des années 1930....Sur le papier, ça peut le faire tant Bowie joue de son charme particulier avec...

le 5 févr. 2024

2 j'aime

Chambre 2806 : L'Affaire DSK
Amaury-de-Lauzanne
5

Con comme une bite....

Visiblement habité par la luxure, DSK se prit "les pieds" (hum hum) dans le tapis d'une chambre d'hôtel de New York alors qu'il s'avançait vers une présidentielle en France. Ce progressiste de gôche...

le 24 oct. 2024

1 j'aime

1