Un mois avant la sortie de Sticky Fingers, les Rolling Stones étrennent leurs nouvelles chansons dans le club fétiche de leurs débuts, en face d’un public réduit. Le concert commence par « Live With Me », superbe introduction qui prouve qu’il s’agit décidément d’un titre calibré pour le live. Suit « Dead Flowers », qui gagne en chaleur par rapport à la version studio, notamment grâce à la place prépondérante accordée ici à la guitare d’un Mick Taylor en pleine forme. On reste dans des tons chaleureux avec une version particulièrement réjouissante de « I Got The Blues », dans laquelle les musiciens semblent se rapprocher de leur public au maximum. Plus brute et moins sophistiquée, « Let It Rock » réconcilie le groupe avec ses racines musicales, tandis que « Midnight Rambler » s’offre comme le sommet de l’album, dans une version assez différente de celle de Let It Bleed, avec une introduction déjà très rythmée et une place très importante accordée à l’harmonica, mais qui s’envole ensuite dans un crescendo qui n’a pas grand-chose à envier à l’originale, même si le caractère improvisé l’emporte sur la quête de perfection. « (I Can’t Get No) Satisfaction » est quand à elle moins frénétique que d’habitude, et gagne peut-être même en charme sous cet aspect. « Bitch » et « Brown Sugar » referment enfin l’album avec une très forte inclination rock, la première se parant d’un caractère crasseux qui ne dépareillerait pas sur Exile On Main St.
C’est finalement un live plutôt intimiste que les Stones offrent ici, recherchant avant tout titres entraînants et chaleur humaine. Le groupe est musicalement à son plus haut niveau, mais il faut rendre grâce à leurs fidèles musiciens accompagnateurs qui, aux claviers, aux cuivres ou au saxophone, participent grandement à la réussite et à l’excitation émanant de chaque chanson. Pas nécessairement très varié, offrant par exemple peu de pauses via des passages mélancoliques, The Marquee Club – Live In 1975 s’inscrit pourtant comme l’excellent témoignage de la puissance d’un groupe à son sommet, faisant de chaque chanson l’exutoire d’une foule d’émotions.