Pièce maîtresse
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Dans la carrière d’un artiste, arrive un moment où toutes les étoiles s’alignent ; les idées fusent, les productions sont inspirées, l’écriture est incisive, et l’artiste vit une période de sa vie spéciale (bonne ou mauvaise). C’est généralement à ce moment-là que la magie opère. Nas sortait en 1994 « Illmatic » avec un paquet de choses à dire et des producteurs au diapason ou « The Chronic » de Dr Dre en 1992 juste après son départ du groupe NWA, avec un producteur enfin libéré musicalement. Le génial The Marshall Mathers LP est de cette trempe.
On pensait que notre cher Eminem était sorti grandi de l’expérience The Slim Shady LP, premier album en major sorti un an et quelques mois plus tôt. Un succès commercial monstrueux et des critiques dithyrambiques à l’égard de ce projet, qui a également subit les foudres de certaines associations et personnalités politiques, pour des paroles un peu déplacées (oui oui, juste un peu), mais on imagine facilement que l’artiste s’y attendait, on le soupçonnerait même de l’avoir un peu cherché. Pourtant, Marshall n’a pas l’air d’avoir bougé d’un iota ; pire, le succès semble avoir aggravé son état.
Car ce succès qu’il vit mal, il en parle sur « The Way I Am ». Un titre enregistré dans les derniers moments de la conception de l’album, sur demande du label Interscope, lui demandant d’avoir un autre single à succès du même acabit que « My Name Is » (il ironisera d’ailleurs cette demande dans l’interlude « Steve Berman »). Dans une ambiance froide avec sa boucle de piano répétitive, ses basses imposantes et les sons de cloches, Em’ déverse son aversion de la société américaine qui l’accuse d’influencer la jeunesse, des fans qui s’immiscent dans sa vie personnelle et, comme dans l’interlude, affirme qu’il « ne sera jamais capable de faire un titre du niveau de My Name Is », présent sur le précédent album. Sur « The Real Slim Shady », il se moque de ses propres fans reprenant ses codes de trop prêt, notamment la teinture blonde et a réservé tout un couplet pour cracher son venin sur les artistes de l’époque (en substance Britney Spears, Christina Aguilera ou Fred Durst du groupe Limp Bizkit). Il fera d’ailleurs un morceau entier, Marshall Mathers, où il précise son dégout des boys band. D’ailleurs, sur « I’m Back », il nous gratifie d’un moment délicieux où il indique en citant Jennifer Lopez, qu’il n’hésiterait pas à avoir une relation sexuelle avec elle et la rendre enceinte même si elle était sa propre mère, afin d’être père et d’avoir un enfant en même temps, sans l’assumer évidemment ; la perversion à son paroxysme.
Mais comment ne pas citer cet album sans parler de « Stan ». Une narration de plus de 6 minutes, accompagnée d’un superbe clip, dans laquelle un fan de Slim Shady (d’ailleurs, Stan ne l’appelle jamais Eminem mais Slim, ce qui laisserait penser qu’il est fan de son alter ego et non de l’artiste lui-même), qui lui voue un amour aussi dérangeant qu’inconditionnel, ne supporte pas que l’artiste ne répond pas à ses lettres, et finira par se suicider avec sa femme enceinte. L’ironie de ce titre, est de voir Marshall Mathers, à l’époque défini comme un danger public et d’une influence négative par la société américaine, le temps d’un couplet, devenir quelqu’un de moralisateur, incitant son fan à mieux traiter sa femme par exemple ; un superbe contre-pied et du génie comme on en a rarement vu.
Son mère et son ex-femme en prennent évidemment encore pour leur grade. Si sa mère se voit accusée d’avoir tenté de monter son fils contre son père sur « Kill You » (sur lequel il s’en prendra aussi plus largement à tous ceux qui ont tenté de le faire taire), c’est sur « Kim » que le côté le plus sombre de l’artiste ressort. Sur le précédent album, ’97 Bonnie & Clyde était déjà d’une folie inouïe, dans lequel Marshall se débarrassait du corps de son ex-femme avec l’aide de sa propre fille ; avec « Kim », Em’ franchit une limite que très peu ont atteinte auparavant ; il cri, s’époumone, menace, insulte, et fini même par la tuer.
The Marshall Mathers LP est le résultat de la quintessence de tout le talent d’Eminem ; des textes d’une qualité incroyable, des thèmes toujours aussi divers et de superbes productions. Il s‘agit certainement, sans parler de meilleur album, de l’époque où il était le plus inspiré.
Créée
le 5 nov. 2015
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