Si vous lisez la note avant d’avoir lu cette critique, vous penserez sûrement que je fais parti de ce groupe de personnes trouvant les élucubrations du trublion du 93 complètement abjectes et dénuées de sens. Pourtant, NQNT premier du nom avait trouvé grâce à mes yeux, par des thèmes abordés de façon drôle et singulière (Autiste ou Shoote Un Ministre pour les plus connues) et une nonchalance attachante.
Mais c’est bien connu, les suites sont souvent sources de déception, souffrant de la comparaison incontournable avec leurs grands frères ; il n’y aurait peut-être que Retour Vers Le Futur 2 qui tiendrait la dragée haute au premier volet, mais nous attendons toujours un Hoverboard et les chaussures qui se lacent toutes seules. En plus, le jeune Vald a acquis une notoriété faisant monter la sauce avant la sortie de ce projet, par 3 titres ; Bonjour, véritable ode à la politesse, rempli d’insultes proférées à celui qui aurait oublié d’avoir dit « bonjour », Gizeh, et sa démonstration de flow et de lyrics techniquement intéressantes, et enfin Selfie, et sa déclinaison de trois clips, du plus soft au plus hard. Finalement, de ces trois titres, seul le deuxième avait vraiment un intérêt musical, et là déjà, Sullyvan s’était trompé en n’incluant pas ce titre sur l’album.
Vald semble s’être fourvoyé dans son personnage, un peu comme quand Eminem ne savait plus faire la différence entre Slim Shady et lui-même (quelque part entre The Eminem Show et Encore. Evidemment nous n’allons pas tomber dans le piège de la comparaison entre ces deux artistes au-delà du fait qu’ils aient tout deux un personnage démoniaque). Avec Par Toutatis sur le précédent projet, la ligne entre fiction et réalité était clairement définie. Urbanisme sur NQNT 2 par exemple sonne trop sérieux, le ton est grave, il semble pourtant toujours être dans le second degré, impossible de savoir où il veut en venir, perplexe ; on a le même sentiment sur Cartes Sous L’Coude ou Ogre. Puis il y a ces moments gênants dans lesquels il force son personnage ; Selfie en était déjà un bon exemple, Taga suit la même voie (on peut d’ailleurs ajouter Poisson, la hidden track après Taga) tout comme Infanticide. Sans parler des titres « milieu d’album », transparents et qui finissent aussi vite qu’ils ont commencé comme Promesse ou Barème ; globalement, il nous manque cette spontanéité qui avait fait le bonheur du premier projet. Enfin, et même s’il faut avouer que ce n’est pas facile quand on rappe avec autant de dérision, les instrumentaux sont un ton en-dessous de NQNT 1, dont la musicalité sombre collait bien avec son écriture décalée.
Loin de moi l’idée de vouloir faire le « puriste » armé de mon slogan « c’était mieux avant », mais il semble juste qu’à vouloir trop en faire, la suite de NQNT s’est retrouvée sur une route à 12 voies en voulant toutes les emprunter en même temps, provoquant des têtes à queue à chaque titre ; un comble pour Ni Queue Ni Tête 2.
Si vous avez lu cette critique sans prendre compte de la note, vous aurez sûrement envie de vous replonger sur le premier volet, et d’attendre le prochain projet de Vald, qui, à n’en pas douter, arrivera encore à nous surprendre ; enfin, s’il arrive à prendre le dessus sur son personnage, à moins que ce ne soit l’inverse…