Chronique Queen n°8
Un miracle. C'est tout ce dont Freddie Mercury aurait bien eu besoin en 1989. Le chanteur est de plus en plus affaibli par les conséquences de sa maladie.
Après leur album A Kind of Magic, BO du film Highlander sorti en 1986, les Queen se décident à partir en tournée nommée le Magic Tour. Cette tournée sera la dernière que le groupe fera avec Freddie Mercury mais cela personne ne le sait encore. Puis, plus rien. Une pause de 2-3 ans. En 1989 sort un album à la pochette pour le moins intriguante: les quatre visages des membres fusionnés. Curieux, rebutant, attirant. Au moins l'album ne passe pas inaperçu. La symbolique est néanmoins présente. À partir de 1989, les Queen ont décidé que toutes les chansons seraient signées du seul nom du groupe et non plus du nom du créateur. Une question de répartition équitable des royalties.
La fin des eighties a débuté. On est au tournant d'une nouvelle décénie. Pour le plus grand bonheur des fans de la première heure, le groupe a décidé de revenir à la recette de leurs débuts: du bon gros vieux hard rock. Exit donc les errements plus ou moins réussis des années 1980 pour tenter de se fondre dans le moule.
The Miracle est un retour réussi au coeur de Queen: le rock. C'est avec délectation que l'on retrouve des compositions léchées, entraînantes, entêtantes. Des bons gros riffs dont seule la Red Special a le secret. Du rock/métal bien lourd avec la fantastique chanson I Want It All. Scandal est un très bon morceau décriant la presse à scandale, thème encore et toujours d'actualité. La chanson qui a donné son titre final à l'album, The Miracle est le fruit d'une collaboration des quatre membres au niveau des paroles, très chouette chanson au clip réussi (des enfants choisis pour jouer les Queen).
Was it all worth it? est la digne héritière de Bohemian Rhapsody en termes de complexité musicale et de variations de genres. Les paroles, celles d'un chanteur s'interrogeant sur les sacrifices faits pour arriver au sommet de la gloire, feraient presque office de semi-biographie du groupe. Magistrale façon de clôturer cet album de la renaissance à l'aube des années 1990.
Du côté des moins: il y a une tonalité eighties bien marquée sur certaines compositions, ce qui le datent fortement comme The Invisible Man. Party, Khashoggi’s Ship et Rain must fall demeurent plutôt anecdotiques quoique sympathiques. J'aurais même préféré qu'ils choisissent de mettre Hijack My Heart (chanson de Roger Taylor écartée de l'album) à la place de la troisième.
Un album qui a des défauts. Néanmoins, le gros plus réside dans ses chansons hard rock/metal qui pour moi sont vraiment réussies. Après une sorte de traversée du désert pendant des années, voilà qui fait du bien.