The Next Day - David Bowie
Dix ans après "Reality" (2OO3), David Bowie signe son come back sous le signe du changement avec "The Next Day", disponible depuis le 11 mars.
On ne l'attendait plus et pourtant David Bowie est bien de retour avec un 24e album studio "The Next Day" dont la sortie nous avez été annoncée le 8 janvier dernier, jour du 66e anniversaire du chanteur britannique. Alors que l'homme fait l'objet d'une rétrospective sur sa carrière au Victoria & Albert Museum de Londres jusqu'au 11 août, les tickets s'arrachant déjà, Sound of Britain revient sur cet opus synonyme d'un tournant.
Centré autour d'une écriture simple comportant une certaine violence, "The Next Day" laisse transparaître un regret lié au passé du chanteur tout en donnant l'impression de vouloir y remédier. D'ailleurs la pochette va en cette direction puisque Jonathen Barnbrook, concepteur de l'artwork explique qu'il symbolise "l'oubli ou l'effacement du passé". On peut donc y voir la pochette de "Heroes" (1977) dont le titre a été rayé alors que l'image a été remplacé dans sa quasi totalité par un carré blanc dans lequel est inscrit "The Next Day". Le titre éponyme montre une envie d'aller de l'avant avec des paroles prouvant qu'il est loin d'avoir envie de se faire oublier. Il déclare même "My body left to rot in a hollow tree / Its branches throwing shadows on the gallows for me / And the next day / And the next day / And another day". On pourrait aussi s'imaginer Bowie, adolescent torturé sans aucun repères, se posant de multiples questions. De "Where are we now ?", premier single aux airs de ballades sur fond de piano a "How does the grass grow?" au caractère presque enfantin avec ses "nanana", en passant par "Love is lost" où il demande à plusieurs reprises "Qu'as-tu fais?". "Heat", révèle aussi un questionnement sur soi nous poussant à croire que David Bowie cherche à tourner le dos à son passé pour mieux se consacrer à l'avenir. Quant a "Dirty Boys", le chanteur nous amène avec lui dans l'idée d'aller de l'avant tout en ne s'attachant pas à la vie. Selon lui, "les dés sont jetés et on a pas le choix" alors mieux vaut prendre la vie à la légère plutôt que de s'engouffrer dans cette société qui n'est pas digne que l'on s'intéresse à elle. Des cuivres apparaissent sur ce titre, un accent étant mit sur la guitare à l'aspect plus que blues. Mais sa critique de la société ne s'arrête pas là puisque "(You will) Set the world on fire" revient dessus. C'était sans compter sur le rapport à la religion qui selon Bowie est plus proche de l'Enfer que des Saints. Dans "If you can see me", le chanteur va jusqu'à demander à ce que l'on "brûle tous leurs livres et les problèmes qu'ils rendent" tandis que "Love is lost" prend des allures de confessions. Il apparaît également dans "Dancing out in space" au gré d'un texte aux couleurs mélancoliques et abordant aussi le thème de la mort. La mélancolie se voit renforcée par l'alliance d'une rythmique blues alliée aux cuivres comme pour "Dirty Boys". Mort qui s'insinue au travers de "Where are we now?" avec ses allures de voyage dont on ne reviendra jamais. Les villes allemandes s'enchaînant on pourrait même penser à la shoah durant la seconde guerre mondiale. A croire que la guerre ne lache plus le chanteur, on retrouve les termes "généraux" et "armes" dans "I'd rather be high" comme si l'homme était obnubilé par ce passé qu'il cherche à oublier sans réellement le pouvoir. Choisi comme deuxième single, "The Stars (are out tonight)" nous impose une idée d'une vie après la mort avec ces étoiles qui seraient des personnes veillant sur nous, et nous rapprochant une fois encore de son passé. Et que dire de "You feel so lonely you could die" dont la mort fait partie intégrale de ce morceau plus acoustique et calme que les précédents.
Au final David Bowie nous offre un album très mélancolique sur lequel viennent se poser des guitares reconnaissables et dansantes. Par son écriture simple l'homme nous amène au propre de ses mots, nous laissant mesurer la violence au plus profond de son vécu n'oubliant pas de dénoncer la religion. C'est donc avec un excellent opus que le chanteur nous revient sans nous donner envie de passer au jour suivant.
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