Après avoir été littéralement éduqué par les grands albums de Bowie des années 70-80, la chute dramatique initiée avec "Let's Dance" m'avait laissé quasi orphelin, et les quelques sursauts créatifs ultérieurs ("Outside", "Earthling") ne m'ont jamais plus réconcilié avec un artiste qui avait même fini par m'irriter profondément. Mes premières écoutes de "The Next Day" ont d'ailleurs fait renaître en moi cet agacement devant des effets de voix un peu écoeurants et des orchestrations lourdingues, dépassées depuis belle lurette... Et ce d'autant que le parti-pris nostalgique (une nouveauté chez Bowie) de retour à la période "Heroes/Lodger" crée un effet de bégaiement historique dérangeant. Pourtant, au fil des écoutes, quelque chose du Bowie éternel apparaît derrière la semi-caricature et les effets appuyés... Est-ce la qualité nouvelle des morceaux, résultats d'années et d'années de décantation ? Où est-ce plus vraisemblablement notre indulgence après une aussi longue absence ? En tous cas, "the Next Day" fonctionne beaucoup mieux que tout ce que Bowie avait publié au cours des décennies précédentes, et ne pêche que par excès de longueur : réduit à 40 minutes, concentré sur ses meilleures chansons, "the Next Day" aurait pu être un classique mineur de la longue discographie de Bowie. En l'état, il nous rappelle au moins combien Bowie a été, il y a si longtemps, essentiel au Rock...
[Critique écrite en 2013]