1999 : Poison The Well est jeune et beau. Après un premier EP prometteur et un changement de line up profond, les floridiens sortent leur premier album, The Opposite of December.
L'album démarre de la façon la plus classique qui soit. Un breakdown tranchant auquel s'ajoute un chant hurlé accueille l'auditeur de manière frontale. Puis, tout à coup, un arpège vient couper sans transition la violence viscérale des premiers instants. La recette est là. Dès les premiers morceaux, Poison The Well impose efficacement son style. Le groupe enchaîne les moshparts et les arpèges cristallins sans aucun complexe, n'hésitant pas à explorer des horizons variés entre metalcore, punk hardcore et emo/screamo sans jamais s'égarer pour autant. La construction des compositions est très inspirée sans être d'une complexité indigeste. Les passages violents et les moments plus légers s’entremêlent sans jamais perdre en cohésion.
À l’image de Songs to the flames of discontent de Refused sorti trois ans plus tôt, le son des deux guitares est ici incisif et glacial. La production générale de l’album, en adéquation avec les teintes pas du tout floridiennes de la magnifique pochette, renforce cet aspect froid et ne laisse rien dépasser, pas même un larsen. En cela, le chaos n’est pas le but recherché ici, même si le groupe se laissera parfois aller à quelques sonorités dissonantes comme sur l'excellent Nerdy.
L'alternance des compositions se retrouve également dans le chant qui constitue l’autre gros point fort de l'album. Jeffrey Morreira s’adapte à toutes les situations avec brio passant d’un chant proche du screamo (mais néanmoins puissant) à des spoken words caractéristiques judicieusement placés tout au long de l’album. Et puis, il y a ce chant clair, presque aérien, qui vient poindre le temps d’un riff posé, offrant quelques passages de répit magnifiques et toujours judicieusement placés, sans jamais tomber dans le refrain facile. Cette alternance dans le chant permet au groupe de faire passer une large palette d’émotions, allant d’une rage frontale à de la mélancolie à fleur de peau.
L'album se conclue sur le magnifique My mirror no longer reflects qui vient achever l'auditeur sur une outro en arpèges et en cris déchirants, dans la plus pure tradition screamo. Une autre fin à cet album n'aurait tout simplement pas été possible, tant elle élève, pour une dernière fois, The Opposite of December au rang de petit chef d'oeuvre.