Guide de survie en territoire sauvage

Nous sommes en plein Moyen Âge, en Europe du Nord. L'époque, tout comme le climat, est rude. Vous êtes à la tête de cas sociaux et autres rebuts, mis au ban de la bonne société pour d'obscures raisons. Tant bien que mal, au gré des saisons, il faudra vous installer avec vos charmants pégus sur des terres sauvages et développer un semblant de civilisation...

Pour un jeu de gestion, le pitch est assez original et alléchant. Après un tutoriel court mais efficace permettant d'appréhender rapidement les bases du jeu, vous êtes jeté dans une map à la nature générique mais sauvage et belle avec quelques copains marginaux, une grange et une petite quantité de ressources. De quoi établir un petit camp de fortune...

Dans Banished, point de campagne scénarisée. L'appréciation du jeu dépend de la persévérance du joueur et de sa faculté à définir ses propres objectifs (les succès Steam peuvent l'inspirer en ce sens). Banished s'apparente plus à un jeu de gestion/survie qu'à un city builder à proprement parler. Ainsi, si vous avez la fibre décorative et aimez bâtir une magnifique cité à l'image de votre mégalomanie démesurée, passez votre chemin. Ici, le souci principal reste de survivre au prochain hiver car, dans ce milieu inhospitalier, le froid et la faim (entre autres) sont constamment sur votre paillasson.

Graphiquement attachant, Banished n'en est pas moins un jeu punitif où il faudra persévérer afin de surmonter les difficultés. Si votre premier village connaîtra certainement un taux de mortalité inquiétant, vous apprendrez rapidement de vos erreurs et les mécaniques du jeu s'assimileront peu à peu. La récolte des ressources premières, la gestion de votre main d'oeuvre et des stocks seront primordiaux à votre survie, voire au développement de votre camp en colonie bien implantée. Avoir constamment un oeil sur les chiffres s'avérera indispensable afin d'avoir des stocks maîtrisés et équilibrés, sous peine d'être punished. Par exemple, si vous avez négligé la fabrication des outils, votre main d'oeuvre sera beaucoup moins productive, ce qui entraînera de pauvres récoltes, une fabrication de combustibles insuffisante, et vos copains marginaux auront alors le choix entre la mort de froid ou de faim (ça sent le vécu). Ainsi, la moindre erreur de gestion déséquilibre l'ensemble de votre petite société et vous fait rentrer dans un cercle vicieux dont il est très difficile de sortir.

Plus qu'un jeu de gestion, Banished est surtout un jeu d'autogestion. Cependant, la colonie n'est pas coupée du monde. Le commerce est possible et permettra de soulager quelques faiblesses, en attendant de rétablir l'équilibre. Sous forme de troc primitif (le système monétaire étant absent), vous pourrez échanger de précieuses ressources, acquérir des légumes, animaux ou nouvelles graines afin de diversifier le régime alimentaire de vos ouailles. Hey, vous pourrez même choper de la bière ou en fabriquer dans d'obscures brasseries/tavernes toutes de bois constituées ! De quoi rajouter un peu de chaleur dans les coeurs de vos tendres bannis.

Outre la gestion des stocks, il sera important de bien maîtriser le rapport mortalité/natalité, sous peine de voir votre population chuter. Pour y palier, vous pourrez bien accueillir quelques migrants, ce qui aura peut-être pour conséquence l'arrivée de nouvelles maladies (ce jeu de droite) !

Une fois les mécaniques bien assimilées, il faut le dire, on s'ennuie un peu l'hiver. La faute à une absence totale de bâtiments déblocables ou d'arbre technologique et à des paramètres inexistants qui auraient pu enrichir le gameplay sur la longueur. Le jeu se résume alors à agrandir lentement son village tout en gardant au mieux son équilibre. Si quelques catastrophes aléatoires surviennent de temps à autre, on aurait pu imaginer, par exemple, le développement d'un aspect sécuritaire, avec une criminalité liée au moral général de la population. Ou bien encore, des tensions avec quelques bandits de grand chemin ou des animaux sauvages (loups, renards) attaquant nos mignons troupeaux... Des paramètres qui auraient pu enrichir et corser un peu plus l'expérience de gestion sur le long terme.

Développé au courage par un seul homme (respect), Banished reste tout de même un fort sympathique jeu de gestion/survie qui peut s'avérer très captivant les premières dizaines d'heures, mais qui souffre un peu sur la longueur, faute d'un manque de variété et de contenus. Comme un goût d'inachevé.