The Party’s Over par Strangeman57
Je voudrais que l'on s'arrête tout d'abord sur la pochette, magnifique œuvre surréaliste à la Dali, de l'artiste James Marsh qui signera les graphismes de tous les albums qui suivront. On y voit un androgyne lâcher une larme par des yeux devenus bouches, le titre est alors là pour donner sens à tout ça: "The Party's Over", la fête est terminée. Ce qui suit n'est que mon interprétation: Talk Talk veut alors en 1982 mettre fin à l'aspect festif de la synthpop pour lui donner plus de profondeur, de spiritualités... Bon, je ne pense pas me tromper en disant qu'ils sont un peu en retard et que ce ne sont pas les premiers à tenter ça dans le genre. Ils sont d'ailleurs assez vite associés au mouvement "New Romantic" et comparés à Duran Duran... il faut dire qu'ils ont le même producteur; Colin Thurston.
Le titre ouvrant l'album viendrait presque contredire mon interprétation. 2ème single (après le bide de "Mirror Man", passé inaperçu à sa sortie) tiré de "The Party's Over", il commence sur la même boite à rythme qu'"Enola Gay" d'OMD... Puis il part, tout aussi entraînant, sur un refrain lancinant, le groupe clamant: "All you do to me is Talk Talk !", même si le ton des claviers se fait grave et le pont au piano, presque méditatif. "Today", dernier single et petite merveille de l'album est accompagné d'un clip à l'image de la musique, surréaliste comme la pochette, onirique, voire même cauchemardesque. Ces trois morceaux, avec "It's So Serious"... il n'y a pas meilleure manière d'ouvrir un album de Synthpop!
La suite est un peu moins reluisante, bien que loin d'être mauvaise... Mais la fête semble vraiment s'arrêter avec le titre éponyme, "The Party's Over" qui montre tout le potentiel vocal de Mark Hollis, voix plaintive, reconnaissable entre autres. Décidément, il y'a vraiment de belles voix dans la Synthpop, quoi qu'on en pense! "Have You Heard The News" s'ouvre de la même façon, sur les mêmes synthés du claviériste Simon Brenner, mais se veut plus apaisé comme ballade. Le chanteur continue à user de son style incantatoire sur le terrible "Hate" puis se calme sur le reste des pistes. La deuxième partie de l'album est clairement moins inspirée dans ses compositions, après avoir signé leurs tubes, je pense qu'ils ont voulu un peu remplir... mais pour du remplissage, ça reste de qualité.
Le succès de l'album a été modéré à sa sortie, même dans leur propre contrée british, malgré le succès des singles. Il faut dire que l'album lui-même est modérément réussi, leur maison de disque comptant trop sur l'effet Duran Duran Bis pour ramasser du pognon. Mais le groupe s'en fout, ils ont acquis grâce à cela leur petite réputation et je pense que ce n'était pour eux qu'un coup d'essai. Comme le prouvera la suite de leur belle et courte carrière, ils ont d'autres cordes à leur arc.