Après avoir aligné les musiques horrifiques fonctionnelles et pour certaines difficiles d'accès en écoute isolée (Sinister, 50 States of Fright, Wilson's Heart), le grand, l'immense, que dis-je, le monstrueux Christopher Young revient en 2024 avec une bande originale qui, en plus d'être l'une de ses plus réussies depuis une bonne dizaine d'année, entre aisément au panthéon de sa discipline. Le jury de l'IMFCA (International Music Film Critic Award) ne s'y s'est d'ailleurs pas trompé puisqu'il lui a décerné cette année le prix de la meilleure musique de film d'horreur, ainsi que celui de la composition de l'année pour le 2e Mouvement de son Concerto pour flûte, chœur d'enfant et orchestre.
De part son sujet, The Piper, narrant l'écriture d'une œuvre musicale sur la légende du joueur de flûte de Hamelin et les événements inquiétants qui en accompagne la genèse, réserve une place importante à la musique orchestrale. A tel point que c'est dès la phase de préproduction du film que Christopher Young est engagé par le réalisateur Erlingu Thoroddsen pour écrire les trois mouvements de ce concerto maudit avant de signer ensuite la musique d'accompagnement - aussi appelé le score. L'occasion pour le compositeur de revenir à l'écriture pour grand orchestre et de se mesurer à l'œuvre de John Corigliano, un confrère ayant jadis créé une œuvre musicale à partir de cette même fable. Pour s'en démarquer, Young met en avant le chœur d'enfant, quasi absent chez Corigliano, ainsi que le lui a suggéré le réalisateur. "[Thoroddsen] n'en a jamais parlé comme d'un concerto pour flûte. Il le définissait comme un concerto pour chœur d'enfant. De son point de vue, c'est un concerto auquel la flûte participe, mais dont le rôle principal est tenu par le chœur." précise t-il dans le livret présent dans le CD édité par le label Intrada.
A l'écoute, le résultat est un miracle à une époque où le cinéma d'horreur crève de son manque d'envergure musicale. La qualité d'écriture des parties jouées à la flûte, qui ne cesse de passer d'un style à un autre tout au long du concerto, ainsi que la puissance du chœur et de l'orchestre sont à tomber de sa chaise. Envoutant, ce concerto qui occupe plus de la moitié de l'album laisse ensuite la place au score qui se révèle très solide, même si évidemment moins flamboyant.