Dark Syd of the Moon
C'est une histoire de collégiens, une histoire de lycéens. Une histoire comme tellement, tellement d'autres ont commencé. Cela se passe à Cambridge mais cela aurait pu être n'importe où ailleurs...
le 12 mars 2023
20 j'aime
3
Tout d'abord un bref rappel sociologique des débuts du groupe : les premiers concerts attiraient tous les excentriques du swinging London dans une ambiance de bouillonnement créative. Les premiers spectateurs furent remplacés progressivement par les yuppies proportionnellement à l'augmentation du prix des billets. L'ambiance s'assagit en même temps que la musique glissait vers du planant plus structuré.
Parlons de Pink Floyd en 1967. Mon préféré dans le groupe a toujours été le guitariste Syd Barrett qui composait des chansons pop légères et plutôt drôles (telle Arnold Lane qui parle d'un type un peu pervers ou Lucifer Sam qui parle d'un chat). Il a su instaurer la dynamique planante du groupe pour toute la suite de l'épopée. Astronomy Domine et Interstellar Overdrive (pour moi les deux meilleurs morceaux de l'album) évoquent l'espace et les voyages interplanétaires.Impossible de ne pas penser à une soucoupe volante en écoutant l'intro d'Astronomy. Le solo de guitare en large partie improvisé de Barrett dans Interstellar est totalement psychédélique. Le méconnu et expérimental Mathilda Mother mériterait une redécouverte. MotherScarecrow et Bike sont des comptines pop que certes je n'écoute pas tous les jours mais intéressantes quand même. Syd était alors l'âme du groupe, la patte unique et frêle soutenant le Flamand Rose. Pour son remplaçant David Gilmour lui-même il était l'un des rares génies de la pop. Pour un autre musicien choisi au hasard, le bassiste Roger Waters, il était le diamant du groupe. Le plus triste dans l'histoire est la suite de la carrière de Syd, le poète créatif du début réussissant à force de persévérance à s'auto-saborder et à devenir l'exemple même du looser magnifique.
Alors même que le groupe décolle inéluctablement on assiste donc au lent glissement de Syd Barrett vers la schizophrénie, une dérive peut-être inéluctable mais encouragée par les pillules de LSD ingurgitées en quantité jimmyhendrixienne avec des effets attristants et déplorables sur son comportement. Syd Barrett finira par ne plus se réveiller de ses rêves d'éléphants roses roulant sur des vélos volants et son comportement deviendra de plus en plus chaotique.
Avant un de ses derniers concerts aux States Syd Barrett s'était mis ainsi sur les cheveux de la brillantine mélangée à des herbes. Pendant le concert le tout s'est mis à fondre comme neige au soleil et à dégouliner sur sa tête laissant penser qu'il venait de prendre un bain avec une méduse. Pendant un autre concert Syd n'a joué qu'une seule note de tout le concert, anticipant des années à l'avance les fameux soli pianistiques de David Guetta. Finalement lassé de tout ce cirque, un jour d'avril 68 le groupe décida d'appeler à sa place David Gilmour qui ne prenait comme pillules que des Carensac. Ce départ a coincidé avec le début de la reconnaissance planétaire du groupe, le premier album restant une pépite joyeusement pop et anarchique.
La musique de Pink Floyd a ensuite évolué, passant de la légéreté psychédélique des débuts vers la performance technologique et les shows mégalos dans les stades, ce que je déplore.
Pipper at the Gates of Dawn sorti en même temps que Sgt. Pepper et dans un studio voisin peut soutenir la comparaison avec l'album conceptuel des Beatles sans aucune honte.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs albums de Pink Floyd et Pink Floyd, un morceau, pas plus, et celui que je préfère
Créée
le 18 avr. 2018
Critique lue 401 fois
4 j'aime
3 commentaires
D'autres avis sur The Piper at the Gates of Dawn
C'est une histoire de collégiens, une histoire de lycéens. Une histoire comme tellement, tellement d'autres ont commencé. Cela se passe à Cambridge mais cela aurait pu être n'importe où ailleurs...
le 12 mars 2023
20 j'aime
3
Difficile d'éviter cet album lorsqu'on s'intéresse de près ou de loin au psychédélisme. Surtout que l'on est en 1967, année des débuts et de l'apogée d'un genre que les Floyd vont durablement...
Par
le 18 mars 2014
12 j'aime
Pour commencer calmement, si je devais décerner le prix du meilleur nom d'album de tous les temps, mon choix se porterait sur celui là, que je pense indispensable d'avoir en tête tout au long de...
Par
le 15 janv. 2012
12 j'aime
1
Du même critique
J’ai bien failli faire l’impasse sur ce film mais nous étions le 31 août et il me restait deux tickets de cinéma à utiliser dernier délai, donc retour vers l’enfer du 9-3, bien planqué cette fois-ci...
Par
le 1 sept. 2019
34 j'aime
10
Le cinéma français aurait-il trouvé un nouveau souffle grâce à l'absurde ? En même temps que sort Perdrix du prometteur Erwan Le Duc paraît donc le nouvel opus de Guillaume Nicloux, Thalasso. Le...
Par
le 21 août 2019
28 j'aime
10
Similarité, identité, conformité et similitude. Le dernier opus d'Almodovar respecte ces principes. Principe de similarité Julieta est un film sur les rapports mère - fille, comme tous les films...
Par
le 1 juin 2016
28 j'aime
1