Remember when you were young...
Pour commencer calmement, si je devais décerner le prix du meilleur nom d'album de tous les temps, mon choix se porterait sur celui là, que je pense indispensable d'avoir en tête tout au long de l'écoute de l'album. Pour re-situer, the Piper At The Gates Of Dawn ("Le Joueur de Flûte aux Portes de l'Aube".), est le tout premier album de Pink Floyd, à l'époque où c'est Syd Barett qui est aux commandes (de tout), et je pense que toute la magie du groupe de Pink Floyd n'aurait jamais été sans cet album.
Dans un premier temps, on entend souvent que Pink Floyd est un groupe de Rock psychédélique. C'est faux, dans le sens ou on vous parle du quatuor Dark Side Of The Moon - Wish You Were Here - Animals - The Wall. Ce genre n'est donc qu'au début de la carrière de Pink Floyd, sous Syd Barett, donc principalement, voir uniquement dans cet album (des traces resterons bien sur, et très marquées dans l'album qui suivra, A Saurceful Of Secrets). Ici, exit Roger Waters, auteur d'un seul morceau (Take Up Thy Stethoscope and Walk), assez anecdotique en plus de cela. On sent donc très fort que Syd est le leader du groupe puisqu'il compose et chante, les autres artistes semblent être mis en total arrière plan, voir éludés. Donc pour ceux qui voulaient écouter du Pink Floyd, c'est plutôt mal parti. C'est clairement bien moins accessible, mais c'est également un album porteur d'une vision novatrice (fin des 60's), visiblement très libre (nombre de passage expérimentaux, dans toutes les chansons, ou presque), et peut être, tout simplement le meilleur album de Pink Floyd.
Si chronologiquement c'est le tout premier, The Piper At The Gates Of Down est, à l'heure actuelle, celui que l'on écoute en dernier (ou peut être avant A Saurceful of Secrets et Ummagumma?), et c'est compréhensible car c'est beaucoup moins mélodique -bien plus brut, que les albums qui suivront. Déjà difficilement accessible donc, mais plein de génie, l'album demande de nombreuses, de très nombreuses écoutes, beaucoup de repères temporels et beaucoup de recherches dans les paroles. Pour ma part j'ai adoré la première partie de l'album dont ressort pour moi d'excellents morceaux, le premier venant ayant été Lucifer Sam venant ensuite Mathilda's Mother, Flaming et enfin, j'ai le plaisir de vous annoncer que Astronomy Dominé est ma préférence, comme il se doit, finalement. Tout l'univers très propre à Syd Barett -et beaucoup moins terre à terre que celui de Waters, est déclaré ici dans des odes au contes de fées très frères Grimm (Mathilda's Mother, Flaming, The Gnome, Chapter 24), à l'espace intersidéral (Astronomy Dominé, Interstellar Overdrive). C'est franchement délicieux car le mélange des deux colle très bien à la musique, à la pochette kaléidoscope et enfin, je le rappelle, au titre!
Vient ensuite un morceau qui me révulse, Pow R.Toc H, le plus brut et expérimental, je n'adhère pas du tout au début avec des sons qui font échos aux hommes des cavernes, on est très loin des sonorités des 4 premier excellent morceaux, la composition suivante, celle de Roger Waters semble grandement s'en inspirer pour le début, mais les choeurs qui suivent réhaussent le niveau, et en fait un morceau toutefois sympathique. Grace à Interstellar Overdrive on retourne du coté de l'espace, morceau instrumental peut être un peu long, mais qui semble guider quelque part. On retombe ensuite avec plaisir dans les contes de fées avec The Gnome (donc le refrain est très entraînant mais n'abouti malheureusement sur rien), et enfin, on retrouve l'ambiance du début d'album avec Chapter 24, mais en plus lancinant, plat. La course se poursuit un peu avec The Scarecrow pour s'évanouir. Laissant place, déjà, au dernier morceau de l'album, unique en son genre, Bike. Assez mésestimé il me semble, Bike est mon coup de coeur, et je pense très représentatif du travail de Syd Barett : tout semble déséquilibré, tangible, mais tout au long, rien ne bascule, rien ne s'effondre, la dimension du conte est gardé dans le rythme, mais les paroles sont, pour la première fois de l'album, placé dans un cadre réel, celui de la petite enfance, c'est ainsi que Barett, pour son seul et unique album avec le groupe qu'il à monté et à qui il ouvrira les portes du succès, s'évanouit dans transcription, un gout et une formulation qui lui est si propre, si personelle, tendre et brute à la fois, invitant à une nostalgie sans nom pour ce génie aux ailes coupées, qui signera le plus beau morceau de l'album suivant (A Saurceful Of Secrets), "Jugband Blues".
Si Pink Floyd était Barett, alors, oui, The Piper At The Gates Of Dawn serait le meilleur album de Pink Floyd, ce n'en est (malheureusement?) pas le cas. On laisse donc place à un univers chatoyant, en désordre total, liant espace et enfance, contes et cauchemars. Pris à part entière, et c'est ainsi qu'il faut le voir, cet album est une perle rare. Et qui d'autre n'est, que, Syd, le joueur de flûte, invoquant le talent de Pink Floyd, mais qui restera devant les portes de l'aube, se retirant ensuite en laissant son ombre fantomatique qui planera sur nombreux morceaux de Pink Floyd ? Cherchez un peu dans : Brain Damage, Wish You Were Here, Nobody Home, etc...