Des pirates à l'église.
A l'ère de Lana Del Rey et des jeux vidéos nés pour mourir en blue jeans, on en viendrait presque à oublier Alela Diane, petite américaine au timbre de voix rappelant les idoles des 50's, au même...
le 20 févr. 2012
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La pochette du disque fait songer à un vieux cliché sépia d'une squaw d'autrefois. Ou bien à une vague petite soeur de Buffy Sainte-Marie. Une impression que la musique passionnée et sans fard d'Alela Diane ne fait que confirmer. Une guitare solitaire, lancinante, au son rêche, et une voix, superbe, qui tranche dans le vif. Ni trop éthérée ni exagérément abîmée, juste pure et habitée. Un peu comme une Natalie Merchant au timbre dépoli. « Mes pieds usés, mes pauvres pieds usés », gémit Alela Diane dès Tired Feet, le premier titre, comme si elle était déjà au crépuscule d'une vie pénible et douloureuse.Mais il n'en est rien. Alela Diane, native de Nevada City, âgée de 23 ans, n'est pas une Cosette. Elevée par des parents musiciens dans un environnement musical baigné de folklore américain, Alela ne fait que reproduire naturellement la musique rustique qui l'émeut et la nourrit depuis toujours. Ses chansons dépouillées à l'extrême n'ont pourtant rien de chiches mélopées misérabilistes grésillant comme une vieille radio pour amateurs de disques caricaturalement artisanaux.Avec ses mélodies peuplées de fantômes sympathiques, The Pirate's Gospel ressemble, par la force et la grâce de sa sobre écriture, à une collection de chansons retrouvées d'une pionnière inconnue du folk des années 30, mais captées - par on ne sait quel miracle - avec une technologie moderne. Bercé, captivé par son écoute, on songe au choc éprouvé en découvrant, il y a vingt ans, Michelle Shocked, lorsqu'elle est apparue, un peu gauche, mais possédée par la musique originelle des Etats-Unis. Un album rudimentaire, éblouissant, envoûtant. (magic)
Se méfier des apparences. La jeune femme aux traits amérindiens, douce et polie, presque timide, le regard limpide et le grand sourire encadrés par des nattes de petite fille, est une sorcière. Elle est jeune, mais elle chante comme si elle était la doyenne de la musique américaine. Ça n’a l’air de rien, ou du truc qu’on a déjà entendu mille fois : une guitare acoustique toute simple, une voix de fille tranquillement désolée, guérie mais pas indemne, des mélodies parfois psalmodiées ou sifflotées. Une voix intense, aiguisée. Une voix poignard, mais qui caresse. Austère, parce qu’élémentaire. On a déjà entendu ça quelque part, dans les meilleurs disques de Cat Power, Smog ou Karen Dalton. Dans ses chansons, elle a mis son histoire personnelle, celle d’un paradis perdu. Après une escapade européenne en solitaire, propice à l’écriture de chansons. Sa musique est magique et elle vous veut du bien. C’est une musique de guérisseuse, une main posée sur la nuque. La main est douce, mais le geste ferme. Alela Diane ne vous lâchera plus, jamais. Dans The Pirate’s Gospel, il y a “gospel”. La connexion spirituelle, la communication surnaturelle. Il y a dans son style quelque chose de très ancien, vierge, pur, autarcique. Elle ne sait pas jouer de reprises. Elle est fascinée par les vieux trucs, l’histoire des objets, la mémoire des lieux, la nature. Elle ne porte jamais de baskets et n’utilise pas l’iPod que son frère lui a offert. Elle écoute peu de disques. “Si je devais partir vivre sur une île déserte, je ne prendrais pas de disques, plutôt ma guitare”, dit-elle. Nous, on enfilerait une redingote, un tricorne et on emporterait The Pirate’s Gospel sur le trois-mâts, hisse et ho. (Inrocks)
Une guitare, une voix, quelques chœurs. C'est dans le plus simple appareil que cette jeune Californienne vient fouler les plates-bandes des grandes prêtresses indé de la décennie (Dawn Landes, Julie Doiron, Joanna Newsom, Laura Veirs...) sans avoir rien calculé du tout. Il y a trois ans, balbutiant encore ses premiers arpèges de guitare, elle enregistrait dans le garage paternel avec son amie Mariée Sioux, les chansons de ce disque dont elle était loin d'imaginer le destin. Aujourd'hui, à la faveur d'une compilation heureuse (Even Cow Girls Get the Blues), il traverse l'Atlantique et vient nous mettre une bonne claque. Mais de quoi s'agit-il au juste ? D'un folk rugueux et sans âge, écrit comme il y a un demi-siècle, porté par un jeu rudimentaire mais une voix puissante gorgée de ferveur. C'est cela, la musique d'Alela Diane. Ce mélange parfait entre la fragilité du monde de l'enfance pas si éloigné et la force de la déjà grande chanteuse qu'elle est, forgée par des années de pratique du répertoire américain traditionnel. Un tel talent brut ne pouvait donner qu'un grand disque aux allures de classique immédiat s'ouvrant sur trois pépites incontournables : "Tired Feet", "The Rifle" et "Pirate's Gospel" laissant d'emblée l'auditeur KO et se poursuivant par d'autres coups d'éclat plus feutrés, "Pieces of String" et son chœur d'enfants tristes, ou encore, "Oh My Mama", complainte déchirante à une figure maternelle magnifiée. Ouvrant en grand le livre familial, puisant dans ses souvenirs autant que dans l'histoire de ses ancêtres, Alela Diane parvient à raconter une histoire universelle qui prend aux tripes. Quant à la nature, perpétuel refuge, elle n'est jamais très loin. Au plus fort de ce disque, on se verrait bien autour d'un feu de camp, avec elle et ses copains musiciens de Nevada City, pousser la chansonnette dans un petit moment d'éternité. Avec son faux air d'Amérindienne et ses incantations, parions que les futurs concerts de la demoiselle auront un caractère quasi-chamanique. Un pouvoir dont elle n'a peut-être pas conscience mais qui secoue drôlement.(Popnews)
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Créée
le 26 févr. 2022
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