La Musica De New-York

Griselda est une force monumentale dans le rap Underground mais aussi grand public maintenant, et le collectif en pleine croissance reste presque trop prolifique. Difficile de s'en plaindre, Il y a tant de bonnes choses qui sont sorties du Crew ces dernières années, et l'une des meilleures sorties venait justement de Benny the Butcher, en 2019, "The Plugs I Met".
Le projet capturait parfaitement les capacités de Benny et ses potes à puiser dans le boom bap new-yorkais des années 90 d'une manière qui rivalise avec leurs ancêtres tout en étant à la fois vintage et moderne.
Benny est allé dans une direction plus douce et plus polie sur le "Burden of Proof" de l'année dernière - un album excellent d'une manière totalement différente - et nous savons maintenant qu'en même temps il a enregistré The Plug II, la suite tant attendue!

Le premier a été entièrement enregistré en Californie avec, à la prod, le regretté DJ Shay, The Alchemist ou encore Daringer et Beat Butcha, tandis que Plugs 2 a été réalisé à Brooklyn avec Harry Fraud, et comme le dit Benny, "you can hear that influence."
TPIM II a donc un casting de collaborateurs différent du 1 (qui invitait Black Thought, Jadakiss, Pusha T, etc.), mais il capture la même sensation crasseuse New-Yorkaise. Harry Fraud puise parfaitement dans ce son tout en apportant sa maestria, et des invités comme les vétérans de New York, Fat Joe et Jim Jones, ainsi que le polyvalent 2 Chainz, s'intègrent parfaitement.
Comme dans tous ses projets, cependant, la star est toujours Benny lui-même. Il a un arsenal apparemment infini de punchlines à élimination directe.
On peut dire que les sujets principaux du projet sont les mises en gardes et les menaces (comme d'hab') et l'acceptation de Benny de son passé, son parcours, sa vie d'aujourd'hui, les liens entre son ancienne vie et celle d'aujourd'hui dans le Rap (No Instructions), ou la culpabilité d'être où il est alors que d'autres sont morts ou en taule (Survivor's Remorse).

Inutile de lâcher une pluie d'éloges et de louanges, les 9 chansons sont tout simplement, belles et fortes. Voilà juste quelques moments retentissants parmi tant d'autres :
"Overall" qui voit Chinx renaître de ses cendres, son rap mêlé au classicisme de la prod nous fait perdre la notion du temps.
"Longevity" qui offre à French Montana et l'ancien ennemi de Benny, Jim Jones, une sacrée opportunité de briller sur une énième prod folle de Fraud.
Fat Joe est scandaleux avec sa ligne "Track me in and out of court, Harvey Weinstein, Threw that white up in the pot, gave 'em pipe dreams, And watch it spread like the Wuhan virus, Do 'em dirty for the low like Wu-Tang 'Sirus" sur "Talkin'Back".
Et "Thanksgiving" dans laquelle Benny clôt son œuvre en revenant aux sources et termine les débats sur ces lignes : "Somebody tell me thank you, Y'all niggas should tell me thank you, Somebody tell me thank you".

Et bien sûr, on a envie de le remercier tellement le plaisir de continuer à visiter le New-York des 90's à aujourd'hui, et ses environs, à travers le prisme d'un rappeur au firmament de son art, est prégnant.
Et, évidemment, un grand Merci aussi à La Musica de Harry Fraud, le meilleur producteur du moment, tout simplement.

9/10