Là, on arrête de déconner : cet album, c'est potentiellement LA sortie death metal de l'année 2020. Qui plus est, on ne peut qu'être curieux de savoir ce qu'il advient de la bande à Lille Gruber après l'expérimentation Disposal Of The Dead / Dharmata. En effet, Defeated Sanity, à force de talent et d'albums devenus incontournables dans le style, a posé les fondations d'une nouvelle orthodoxie brutal death, avec un certain nombre de suiveurs derrière lui. Il faut dire que des albums comme Psalms Of The Moribund et Chapters Of Repugnance avaient de quoi remuer de la tripe au kilo. Et comme à mon habitude, je casse le suspens dès les premières lignes : nouvel album génial.
Pourquoi génial ?
Parce que Defeated Sanity a réussi à se renouveler, au moins partiellement, sur cet album sans altérer sa nature profonde ni trahir la cause brutal death. Un tour de force.
Le feeling jazzy de certains morceaux, ce qui les rend plus légers, presque aériens, risque de décontenancer à première écoute (ce fut le cas pour moi). Mais on se rend vite compte que c'est une façon judicieuse de varier leur propos. Et ces mecs-là ont un niveau technique tellement impressionnant à la base que ça ne leur demande aucun effort de changer de style. L'ambiance suffocante et la brutalité absolue restent les tendances majoritaires sur cet album, qu'on ne s'y trompe pas. Defeated Sanity évite simplement de refaire ce qu'ils ont déjà fait auparavant, en mode pilote automatique et autoplagiat.
Les titres sont pour la plupart assez courts (trois minutes ou moins), mais leur incroyable densité fait qu'on a l'impression que l'album est construit sur la longueur, ce qui est loin d'être le cas (trentre-trois minutes au compteur).
Leur « nouveau » vocaliste, l'Américain Josh Welshman, est extrêmement convaincant avec son growl imposant et profond. Christian Kühn, parti du groupe en 2019, n'ayant toujours pas été remplacé, ce sont pas moins de trois gratteux qui ont été invités à jouer sur cet album : Dan Thornton, le guitariste de concert attitré ; Justin Sakogawa, aussi présent en live, qui joue aussi chez Vile au même poste ; enfin, et pas des moindres, Colin Marston, qu'on connaît pour ses nombreux projets (dont certains assez foireux, pour ma part) et auquel on ne pourra enlever son incroyable talent.
Le track by track est inutile ici, il faut tout écouter. Le groupe n'a pas joué la carte de l'homogénéité sur cet album, chaque morceau étant facile à identifier : intro par-ci, plan qui tue par-là, il y en a pour pas mal de goûts.
Defeated Sanity poursuit sa quête de l'exigence à son paroxysme : toujours plus technique, toujours plus ambitieux, toujours plus profond. Je reste fan absolu des albums précédents (cités plus haut), mais la capacité de ce groupe à se renouveler m'a une nouvelle fois bluffé. Il reste à ce jour le meilleur dans sa catégorie.
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