Perplexe

Je n'ai jamais été un métalleux à proprement parler mais Behemoth a toujours fait partie des groupes maintenant mon intérêt pour ce vaste univers musical . La force de l'imagerie, la brutalité du son, la sophistications des textes m'a attiré vers Behemoth il y a quelques années de cela et m'a poussé à explorer leur discographie. Dépositaires d'un style mêlant les vocalises gutturales et batteries du Death Metal avec une atmosphère et une esthétique propres aux Black Metal, Nergal et ses acolytes ont signé de nombreux morceaux mémorables fait de riffs implacables courant sur une rythmique bulldozer. Cette synthèse culminant sur Evangelion, avant-dernier album, contenant les perles Ov Fire and Void, Shemamforash, The seed ov I et bien d'autres encore.

The Satanist, que le groupe a décrit comme un disque "organique" et présenté tel le manifeste de celui qui entend s'affranchir des conventions sociales et de l'hypocrisie pour reconstruire sa nouvelles vie sur les ruines de l'ancienne, s'annoncait donc comme un événement majeur. L'intérêt pour ce nouvel album était par ailleurs décuplé par l'histoire récente du groupe, le leader Nergal ayant du affronter la leucémie entre 2010 et 2011. Il paraissait
évident que cette expérience inspirerait l'artiste....Mais de quelle façon ?

La première écoute donne une réponse sans ambiguïté. The Satanist est un disque violent. Le chant, les guitares, la batterie... Tout concourt à une tempête sonore, tantôt aux ambiances martiales telles Ben Sahar, tantôt cauchemardesques comme sur Messe Noire. Et pourtant, malgré cette énergie indéniable et quelques moments de bravoure ( on pense notamment aux solos de haute volée), l'album peine à émouvoir. Peut-être la faute à de nombreuses mélodies trop froides. Peut-être aussi la faute à une production massive et paradoxalement trop propre, qui neutralise les incursions dans des territoires rock comme sur le refrain de The Satanist. La plus grande exposition de la basse, si elle constitue une piste intéressante, n'en reste pas moins une évolution secondaire.

Sur le plan des paroles, Il n'y a évidemment aucune surprise, Nergal continuant à creuser le sillon d'une philosophie sataniste, s'appuyant sur des références ésotériques démontrant toute son érudition. Là encore, au-delà des codes du genre que sont l'emploi du vieil anglais ,d'un vocabulaire sophistiqué et d'images provocatrices, on a du mal à se passionner pour la logorrhée anti-christianisme.

Contre toute attente, il s'agit donc d'un retour en demi-teinte.