The Suburbs par alexisvarthy
Il y a des groupes que l'on vénère pour ce qu'ils représentent, la musique qu'ils jouent, et les émotions qu'ils nous font ressentir. Le genre de groupes qui marquent, dont on devient fanatique, voire groupie. Des groupes dont on assume les écoutes, même si c'est la vingtième de la journée, dont on bassine l'entourage, que l'on fait écouter à tout le monde, de son poisson rouge à ses parents. Des groupes qui nous semblent marquer l'histoire, au moins notre histoire.
Il y a donc Arcade Fire dans ma vie. Arrivés en trombe dans mes oreilles avec le morceau Keep the car running entendu à la volée. Puis le reste de Neon Bible, la découverte du premier album Funeral. Et cet hypnotisme, autant du côté des musiques que des paroles, du packaging, de tout. un groupe à rendre enthousiaste, faisant de la musique "grande", se donnant les moyens de son ambition, puissante et complexe, travaillée. Une ribambelle d'adjectifs plus tard, je ne pense pas que je serais à court de termes pour qualifier la joie que me procure ces canadiens.
Alors, tant pis si il fallait que le 3 Août dernier il faille que je me mette à la bourre au travail pour acheter l'album, j'avais trop attendu ce dernier opus depuis son annonce. Frétillant à l'idée de l'écouter, je suis rentré en vitesse lumière chez moi, je me suis cloitré dans ma chambre. Il faisait beau, c'était l'été, j'ai mis le son à fond. Tout allait bien. Après une grosse heure d'écoute, tout allait mieux.
Le magnétisme inhérent au groupe était là. Le morceau d'ouverture, The Suburbs, évoquant chez moi des clichés d'une amérique des années 50, des airs d'été. On vogue continuellement dans le sillage des deux premiers albums, en étant toutefois à un niveau supérieur il semblerait. Le rythme sec de Ready to start est innovant, tout comme l'électro de Sprawl II.
Des morceaux de gosses de banlieue ? Peut-être bien, l'impression d'une fin d'été continuelle quoiqu'il en soit, de jeux en plein air dans le quartier. Un album qui fait remonter les souvenirs à la surface ; espèce de prolongement des morceaux Neighborhood de Funeral. Des morceaux sur l'enfance, sur l'adolescence et la découverte musicale comme Suburban War, ou des visions loufoques et nostalgiques avec City with no children, Sprawl I et II, The Suburbs (continued). La pochette, la couleur même de l'album évoque le passé, entre années 50/60 et années 80 et l'on traine facilement cette nostalgie qui étreint à chaque nouvelle décennie vécue avec des morceaux comme Half Light en point d'orgue. Au sortir de la musique des années 2000, on ne peut être que curieux à propos de ce que nous réserve les années 10 qui se préparent. Alors qu'une recherche d'identité se fait sentir avec les nouveaux albums de MGMT et Klaxons, Arcade Fire ouvre une nouvelle brèche. Et peut-être que dans 50 ans on se dira qu'un nouvel album ressemble particulièrement à ces groupes, et que ce sera tout à fait rétro. Peut-être que ces albums seront fait par des gosses de banlieue, là encore, bougrement inspiré, bougrement géniaux.
L'album est bien plus dense que son prédécesseur. Il ne s'égare pas dans la grandiloquance des morceaux. Efficace jusqu'au bout mais non moins surprenant, l'énergie est retenue, explose toujours au bon moment. Moins ecclésiastique, mais pourtant toujours empreint de mysticisme, comme si il était simple d'aller en terre sainte, comme si la terre sainte était un terrain vague dans lequel on tape dans un ballon. Il s'achève comme un film, avec le thème de l'album repris en générique. Il manquerait plus que les noms de ces génies défilent sur un écran noir. En attendant, au dos de l'album il y a écrit ces quelques mots, qui en disent tellement long : Arcade Fire presents : "The Suburbs".