Après avoir évincé l'ensorceleur John Cale et son boucan électrique, Lou Reed mène désormais sa barque comme il l'entend, dans un studio à Hollywood. Pas de chance, à l'aéroport, le groupe se fait tirer une partie de son matériel, les pédales d'effet en particulier... A la manoeuvre, Lou Reed préfère alors les "jolies choses" à la distorsion et au vacarme "pour toucher davantage les gens", passant de la griffure à la caresse : "Nous sommes désormais un groupe joyeux et heureux..." Cet enfant terrible compose et chante donc de très belles balades aux textes subtils : "Je me suis rencontré dans un rêve et je veux juste te dire que tout va bien se passer. Je commence à voir la lumière." Avec innocence, Doug Yule chante le mélodieux Candy Says, en fait les tourments d'identité de genre de Candy Darling. S'identifiant comme un fou, Lou Reed l'accompagne par des doo-wah très harmonieux. L'heure est à l'easy listening, une douceur très surprenante après l'abrasif, frontal et tapageur White Light/White Heat. La chanson The Murder Mystery sème quand même le trouble vers la fin, histoire de nous faire goûter le venin du Velvet, le piano déjanté signant bien l'ouvrage. Le coup des voix décalées - Reed et Yule sur un canal, Morrison et Tucker sur l'autre - accroche bien son monde. Album gracieux et intime, presque fragile, à l'image d'After Hours chanté par Moe Tucker, ce disque charme l'air de rien. Étonnamment, il s'est vendu encore moins que ses deux prédécesseurs. Cela dit, il n'y a absolument rien de mal à cela. Mais c'est à pleurer que ce groupe soit resté dans l'ombre : "la brigade noire qui ne voit jamais le soleil" dixit Reed, un brin amer.

Créée

le 18 sept. 2024

Modifiée

le 24 sept. 2024

Critique lue 5 fois

Critique lue 5 fois

D'autres avis sur The Velvet Underground

The Velvet Underground
XavierChan
9

Critique de The Velvet Underground par XavierChan

Tout le monde, à part la bande de camés du coin, pensait le Velvet définitivement enterré dans les limbes de l'insuccès commercial, creusant tellement profondément leur propre tombe qu'ils ne...

le 23 déc. 2011

19 j'aime

2

The Velvet Underground
rherleman
9

Critique de The Velvet Underground par rherleman

Pour son troisième album le Velvet, toujours dans cette quête incongrue de dépasser le millier de ventes, décide de tout remettre à plat pour la troisième fois avec un album radicalement différent du...

le 22 avr. 2013

3 j'aime

The Velvet Underground
jimbomaniac
8

Empoisonné et vénéneux

Dans le panier des albums empoisonnés, celui-ci est certainement le plus toxique, le plus vénéneux, le plus dangereux mais aussi le plus fascinant. Noir dehors (pochette noire, énigmatique), et...

le 21 janv. 2016

2 j'aime

3

Du même critique

Navalny
Amaury-de-Lauzanne
10

"Qui garde le tyran quand il dort ?"

La mort à 47 ans dans une geôle paumée dans l'Arctique russe, ça vous campe un bonhomme. De retour d'un séjour en Allemagne où il se remettait péniblement d'un empoisonnement du FSB, Navalny choisit...

le 16 févr. 2024

2 j'aime

Drive
Amaury-de-Lauzanne
10

Archétype du Scorpion. Qui s'y frotte s'y pique...

Très bon film dépouillé jusqu'à la trame avec des allures de classique. Une narration stylée quelquefois onirique - les filles du cabaret, les gangsters dans le café - ou cauchemardesque avec les...

le 3 mai 2024

1 j'aime

Fiasco
Amaury-de-Lauzanne
7

Bouffons et dérision...

Ca se laisse regarder gentiment avec de bons numéros d'acteurs offrant de belles têtes de vainqueurs. Des scènes bien grotesques et des dialogues à la con. Il manquerait pas un gros grain de folie...

le 1 mai 2024

1 j'aime