Je dois bien avouer une chose : de base, je n'aimais pas Gojira. Je kiffe le Metal mais Gojira avait ce son si particulier, cette violence qui vous arrive dans la tronche dès les premières notes, qui fait qu'on adhère ou qu'on adhère pas. C'est en tout cas la réflexion que je me suis faite en écoutant ce qui est considéré comme leur chef-d'oeuvre : From Mars to Sirius.
Mais les frères Duplantier ont toujours expliqué qu'il fallait s'accrocher pour écouter leur musique. Que si vous écoutiez par hasard un de leurs morceaux, ben c'est pô ben facile du premier coup.
Aux premières écoutes, on entend du bruit, BEAUCOUP de bruit. De la distorsion, BEAUCOUP de distorsion ; de la batterie, avec de la double pédale, BEAUCOUP de double pédale. Et une voix growlée, hurlée, qui peut chatouiller les oreilles non averties. Et faire chier les voisins, accessoirement.
Et puis, au fur et à mesure des écoutes, on apprend à écouter. Chaque petit tapping de gratteux, chaque coup porté par le batteur, se dégage de ce qui semblait être une bouillasse informe. Le colosse prend forme et se met sur pieds.
The Way of All Flesh est l'album qui m'a fait tomber amoureux du groupe. Des riffs en tapping à outrance, avec une batterie d'une technicité époustouflante et une voix qui défonce tout. Gojira, le nom japonais pour Godzilla, symbolise le son du groupe. C'est une machine à fracasser, à tout détruire sur son passage. Un ouragan, une tempête glaciale mais terriblement salvatrice. Salvatrice en tant que je peux aussi bien headbanger que chialer en écoutant cet album.
Les 3 premières pistes évoquent parfaitement le caractère """Kaiju-esque""" (oui c'est moche) de leur musique. Des riffs martelés en boucle qui vous défonceront les cervicales à force d'écoutes répétées. Mention spéciale à Toxic Garbage Island, qui illustrerait parfaitement l'arrivée de quelque horreur lovecraftienne venue des profondeurs d'un océan déchaîné. Ce monstre a ici une origine anthropique comme l'illustre parfaitement les paroles des frères Duplantier
Plastic bag in the sea
martelées en boucle, comme pour annoncer les cris d'une foule terrifiée par l'abomination. Terrifiée hein ? Nous l'avons créée.
Une autre facette importante du groupe est évidemment les paroles et, à travers elles, les thèmes abordés. Ainsi, l'écologie au sens large est un thème récurrent dans l'oeuvre du groupe et jalonne plusieurs morceaux de the Way of All Flesh, From Mars to Sirius ou encore L'Enfant Sauvage.
Si vous n'avez jamais écouté du Gojira, The Way of All Flesh vous détruira. Physiquement, par le caractère titanesque, monstrueux du son (écoutez The Art of Dying, Vacuity...) ; et émotionnellement, par les paroles, les thèmes traités. C'est un chef-d'oeuvre de Metal et par-dessus tout un chef d'oeuvre de la musique. Paroles et musique sont ici en parfaite symbiose, comme rarement il m'ait été donné d'entendre dans un groupe de Metal.
Alors par pitié, écoutez cet album, essayez de comprendre leur musique, de vous y attarder.
Mais vous n'en sortirez pas indemnes. J'espère que vous n'en sortirez pas indemnes.