“Industriel spirituel.” C’est ainsi que Pumarosa définit l’état d’esprit de son premier album, à la fois intense et transcendant, comme la fusion de l’indie-rock londonien avec des influences latines. Le groupe, nommé en référence à un fruit exotique équatorien, étale sur son disque les différentes facettes d’un même animal, une hydre dont les dix titres sont presque autant postures instrumentales que maniérismes vocaux.
Isabel Munoz-Newsome, chanteuse mystique aux racines chiliennes, illustre à merveille cette créativité un brin schizophrène quand elle alterne tantôt les envolées lyriques (Dragonfly), tantôt les diatribes punk (Honey) ou encore les incantations plus délicates et sensuelles (Barefoot). Ce labyrinthe déroutant s’est construit par un enchevêtrement de processus étalé sur plusieurs années, entre les improvisations personnelles de sa meneuse dans un petit cinéma italien, les séances de jam du quintet au complet, ou le studio du précieux producteur Dan Carey (Kate Tempest, Bat For Lashes, All We Are). Pumarosa accouche de cette façon de plusieurs pièces, mais qui forment avec cohérence un même puzzle évoquant à sa manière le songwriting d’une Patti Smith ou d’une PJ Harvey.
Dans un contexte qu’elle considère comme pesant, la formation signée chez Fiction Records envoie ainsi des messages forts à travers le filtre d’une voix dramatique qui, toujours profonde, parfois agressive, combine invitation à danser et intentions “industrielles” (sic). On se perd alors avec plaisir sur le dance-rock progressif des huit minutes de Priestess, les guitares funky de Red (le meilleur titre du disque) ou encore l’electro vaporeuse de Snake. Une série de longs grooves – plus de six minutes pour la moitié d’entre eux – aux vertus chamaniques, où se rencontrent guitares, synthés et saxophone, et qui porte plus que bien son nom : The Witch – “La Sorcière”.
via Les Inrocks