Tout d'abord je précise que Portishead ce n'est pas mon univers musical habituel mais que j'avais adoré « Dummy » (noté 9/10) leur remarquable premier album, dont, comme beaucoup d'autres, j'étais tombé sous le charme envoutant, autant de la voix bien sur, des samples très réussis et de l'ambiance générale qui s'en dégageait.
Avec « Third » leur troisième disque studio, Portishead fait son retour après11 ans absence depuis le second album et surtout 14 ans depuis Dummy.
Disons le d'entrée « Third » est plus expérimental, plus intismiste ; il élargit également la palette du groupe mais tout en gardant ses influences originelles.
Sauf que j'accroche moins, malgré toute ma meilleure volonté et plusieurs écoutes attentives.
Une touche de jazz par ci, des titres plus trip hop par là mais globalement les samples sont moins réussis, moin accrocheurs.
Bien sur Portishead avance tout en subtilité, en finesse, par petites touches.
Bien sur il y a toujours la voix sublime de Beth Gibbons mais derrière la musique proposée n'est pas toujours à la hauteur (en tout cas sur la majorité des morceaux).
Innover, explorer, s'aventurer c'est bien mais il faut proposer quelque chose de cohérent et là c'est moyennement le cas, avec des compositions parfois au rabais.
C'est peut-être plus « pointu », plus travaillé mais c'est moins prenant.
La première partie est moyenne, ennuyeuse, heureusement la deuxième partie relève le niveau.
Sur les sept premiers morceaux, je le dis carrément c'est très moyen, beaucoup de longueurs, sauf « We carry on », excellent (même "The rip" considéré comme l'un des classiques du disque ne me sort pas de ma torpeur !).
« Machine gun » est l'autre très bon titre , et avec « We carry on », ce sont les deux seuls morceaux qui me transportent vraiment, avec un léger côté krautrock pour « We carry on » dans sa répitition rythmique.
Quant à « Machine gun » c'est le scratch / sample qui est mémorable, on retrouve le grand Portishead, celui capable de se sublimer pour nous faire rugir de plaisir.
« Small » est également très bon avec au milieu du morceau le passage grandiose amené par un clavier au son époustouflant avec un côté fin 60's/70's quasi psychédélique.
Enfin on finit en beauté avec « Threads » et son côté « jazz cool » lancinant qu'on écouterait au bout de la nuit dans une boîte de nuit « vintage », très représentatif du groupe et à l'atmosphère envoutante (comme souvent Portishead clôt l'album avec le ou l'un des titres phares).
Les 4 derniers titres sont très bons, c'est mieux, on retrouve la flamme, mais c'est un peu tard...
On prend franchement moins de plaisir qu'à l'écoute de « Dummy », le trip hop qui était la marque de fabrique du groupe a un peu disparu au détriment de l'aspect plus avant gardiste et expérimental, qui, quoiqu'intéressant, ne me convainc pas entièrement.
On a du mal à s'enthousiasmer sauf sur 4 ou 5 titres que l'on retrouve dans la deuxième partie de « Third ».
On ne peut pas reprocher à un groupe d'évoluer et Portishead a du mérite de ne pas vouloir faire un copier/coller de ces albums précédents et notamment « Dummy », c'est tout à son honneur, mais là c'est un peu trop expérimental pour moi et surtout il y a un problème de compositions, un manque d'attrait général des morceaux, un manque de feeling même s'il y a quelques titres intéressants (50% de l'album environ) et au final on ne retrouve pas l'émotion et la magie que nous avait procuré « Dummy ». Loin d'être mauvais mais pas indispensable. Dommage.