Une grande maison vide
Bon Jovi a pondu récemment un album tout en artificialité, This House Is Not for Sale. Et c'est là que je me sens obligé de comparer avec Scorpions, un autre groupe de dinosaures, et leur opus Return...
Par
le 30 août 2020
C'est dommage...
Enfin pas tant que cela. A vrai dire je m'y attendais, mais j'avais espéré.
Je me sens con.
Deux fois.
La direction intéressante amorcée avec le précédent LP sur certaines de ses pièces augurait pourtant une remise en question de la part de notre bon John sur la trajectoire qu'aurait pu prendre son groupe pour raviver l'intérêt de ceux qui n'en avait plus.
Or sans être totalement raté, car il y a de très bonnes choses puis surtout c'est dansant (faute de mieux), ce Bon Jovi nouveau cru réitère l'erreur faite par Burning Bridges, soit de belles idées non développées.
L'on me dira "faut que tu sois bien débile mon cher Vince Axl, pour croire un seul instant que ce tonton cinquantenaire soit redevenu un artiste avec le temps"'. Certes.
Et pourtant... Pourtant tout n'est pas à jeter. D'ailleurs en soi ce skeud est peut-être moins pire que l'abominable Crush (que le temps m'apprends vaguement à aimer), et ne serait-ce que pour cette "non-régression", This House Is Not For Sale mérite certains éloges.
Évidemment on retrouve en nombres ces habituels instantanés aux refrains entêtants, de ceux que nous offre avec une hardiesse inégalable le leader depuis tant d'années - encore qu'ils sont eux aussi en hausse qualitativement, il y a une vivacité plus appuyée - mais à côté de cela il y a quelques miracles (petits s'entend, dans le contexte quoi) en terme de compositions qui font plaisir, tel Living With The Ghost ou encore I Will Drive You Home, qui fait dans la continuité stylistique des chutes studio entendues dans Burning Bridges, un peu oubliée du groupe depuis 96.
Oh oui, d'ailleurs notons la pertinence de certains textes et l'amélioration notable de ceux-ci d'une manière générale sur cet album par rapport à What About Now, qui s'il était musicalement réussi, si si (en chantant), n'avait rien pour lui textuellement.
Ici l'on sent le mec qui a des choses à raconter au-delà de son message universel rabâché depuis trois décennies. Des blessures à extérioriser et des opinions à faire entendre. Bon point, vraiment.
La défection brutale de son fidèle bras-droit a du le convaincre de donner dans la maturation vis-à-vis de son oeuvre et du leste à ses musiciens. L'attestent une présence accrue du claviériste et un batteur plus motivé (qui casse pas des briques non plus, quand c'est un dieu une fois libéré de toute contrainte) au détriment de la guitare de Sambora, l'instrument même restant malgré tout un ton au-dessus des précédentes productions de Bon Jovi en terme d'agressivité.
Car en omettant même le poussif The Devil's In The Temple — cela dit le pont est excellent et même, il m'a hérissé le poil, t'imagines lecteur — si l'on ne parle pas ici de grosse riffaille tranchante, la mention "Rock" demeure moins usurpée tout le long de la galette, malgré une production un poil trop lisse et pop à mon goût.
Du reste, il y a du matériel. Dix-sept titres à se mettre sous la dent, vingt-et-un dans l'augmenté. Mine de rien c'est cool, sur la quantité l'on se fout pas de notre gueule et dans le lot tu finis toujours par trouver ta petite pépite perso, ton morceau fétiche. Celui que tu vas écouter en oubliant les autres.
Personnellement je retiendrai Living With The Gosts donc, l'entraînant Walls, le planant Roller Coaster, l'agréable Born Again Tommorow et son solo qui donne illusion quelques millisecondes qu'un truc bien épique se pointe avant de te terrasser de déception par sa disparition aussi soudaine que survient son apparition, le correct God Bless This Mess contestable car quelque peu jumelé au titre éponyme dans sa structure, éventuellement Scars On This Guitar parce que c'est une belle chanson, puis... En fait c'est tout.
Knockout? Bouillasse pop aussi indigeste que mal mixé, quoique certains aimeront. Moi le premier d'ailleurs très subjectivement parlant, mais j'ai tort, cherchez pas.
Ah, et le nouveau mix plus agressif de We Don't Run secoue correctement.
Labor Of Love? Mouais. A la limite son confrère Real Love, plus honnête dans sa résonance acoustique et intimiste..
Et j'aime Bon Jovi. Rendez-vous compte !
Burning Bridges précédente critique de ce groupe de mon coeur qui se perd, se perd et se perd.
Et qui remonte parfois, notez.
Créée
le 3 nov. 2016
Critique lue 740 fois
4 j'aime
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