This Is Happening par François Lam

Le proclamé génie Murphy est revenu cette année. Et alors ? Plus que jamais, l’incompréhension est de mise. On lit partout que l’homme délivre une musique dansante, jouissive, qu’LCD Soundsystem serait la synthèse idéale d’un punk rock débridé et d’une dance décomplexée.

Le triste constat de This Is Happening, c’est malheureusement qu’il ne se passe rien ou presque. James Murphy homme du paradoxe qui, quand il affichait une boule disco sur son premier album, peinait à nous faire danser, et qui, quand il nous promet l’événement, nous ennuie ferme. Pourquoi ? Parce que depuis le début, il semble y avoir un certain malentendu au sujet de l’Américain. Plus expérimentateur aux aspirations vaguement énergiques qu’esprit dansant ou impulsif, Murphy ne peut s’empêcher, même quand il est mélodiquement irréprochable (« Dance Yourself Clean »), de donner à ses créations un tournant itératif (d’aucuns diraient sans doute expérimental), et finalement pénible.Il serait malhonnête de dire que Murphy n’a pas d’idées : les beats sont souvent convaincants, le travail sur le son intéressant, mais Dieu que ses chansons sont interminables !

En fait, on a un peu l’impression que le monsieur fait figure d’intellectuel au sein de genres musicaux habituellement (et tristement) réduits à l’entertainment (le dancefloor) ou ne valant guère que par la spontanéité (le punk). Pourtant, une fois le style particulier de LCD Soundsystem assimilé, les disques et les chansons ne présentent que peu d’intérêt : bouffée par des atours aguicheurs l’expérimentation peine à étonner, et exténuées par le rabâchage les mélodies ne charment jamais.

Non, décidément, qu’on n’associe plus devant moi LCD Soundsystem au mot « fun » ou alors je reviendrai à du Ace of Base sans complexe.