L'accordéon est un instrument ambivalent en France. Pilier de la musique populaire franchouillarde dans ce qu'elle peut avoir de meilleur, judicieusement remis au goût du jour par des groupes comme les Têtes Raides (enfin, il y a déjà trente ans...), son pendant musette a marqué au fer rouge les esprits, français comme internationaux (tendez l'oreille, un personnage français dans un film d'animation sera toujours accompagné d'un accordéon). De quoi avoir l'accordéon en horreur, surtout si vous le subissez au petit matin dans le métropolitain parisien.
On en oublierait la formidable teinte qu'il peut apporter au jazz. Heureusement, pour cela, Vincent Peirani, l'accordéoniste qui avait accompagné Youn Sun Nah sur l'enregistrement et la tournée de l'album Lento, a sorti cette petite merveille qu'est Thrill Box.
Piano, contrebasse, accordéon. Parfois un saxophone, ou un second piano du pauvre, et ça suffit. Le trio - en s'appropriant des reprises ou jouant ses compositions - fait voyager l'auditeur dans les contrées jazz, sa branche manouche, bifurque vers le folk jusqu'à s'égarer malicieusement dans le genre musette.
Si aucun titre n'est dispensable, deux se détachent à mes oreilles. D'une part la reprise de Waltz for JB rassérénante ballade où l'accordéon et piano s'empruntent langoureusement la ligne mélodique ; d'autre part la composition concluant l'album Choral, où la langueur de l'accordéon de Vincent Peirani alterne nappes gorgées de slpeen et pulsations hypnotiques...
Je réitère. Une petite merveille.