Through the Mirror
7.5
Through the Mirror

Album de Endon (2017)

[...] De la même manière d'un Portal, Through The Mirror se veut impossible à noter réellement. De même que ce n'est pas sur son sens de la musicalité qu'il retire tout l'enjeu de sa manœuvre. Parce que de musicalité, tous les mélomanes aguerris et autres rats de conservatoire diront qu'elle n'existe pas ici. Ce qui explique en quoi se passer la galette a tout d'une véritable épreuve pour les oreilles. On soupçonnerait même Endon d'être un brin élitiste sur les bords tant « Nerve Rain » ouvrant les hostilités a tout d'une mise à l'épreuve. Introduction donnant au terme noise toute sa signification littéraire première, interminablement répétitive durant presque six (!) minutes, autant dire que cette quasi boucle hyper bidouillée et saturée se révèle être une vraie purge faisant office de filtres à son potentiel auditorat. A comprendre : soit tu serres les dents et attends les pistes suivantes, soit tu pètes un câble au bout de deux minutes et éteint rageusement le skeud afin de le brûler. Pourtant, la première solution, bien que tout sauf raisonnable, s'avère certainement être la plus payante. Car, si la suite ne se veut pas plus riche en douceurs et mélodies, l'atmosphère que cette dernière dégage s'avère fascinante. Vraiment. Dérangeante mais fascinante.


Pour sortir du domaine musical, on pourrait faire avec Through The Mirror un parallèle avec un film chinois de Fruit Chan dénommé The Midnight After. Un trip totalement halluciné où l'on suivait les pérégrinations de gens dans un bus qui se sont retrouvés d'un seul coup d'un seul et sans aucune explications dans un Hong-Kong fantôme alors que la vie battait encore son plein une fraction de secondes auparavant. S'ensuit une succession de démonstrations sur les différentes causes hypothétiques du phénomène, calées les unes après les autres sans véritable sens, ni même d'ordre de cohérence tant l'on peut passer du raisonnable à du totalement grotesque. Au final, Endon n'est pas si loin de ce délire tant il garde cette direction brutalement noisy à mi-chemin entre drone et indus' en ligne directrice en collant par-dessus un véritable pot pourri d'éléments divers de façon totalement bordélique.


Alternant inlassablement et presque non-sensiquement des éléments post-black, doom, gimmicks ambiant digne d'un film d'horreur malsain de série B, rythmiques et breaks craquants et alternance schizophrène entre cris stridents, voire hystériques et grunts monstrueusement rauques, Endon arrive le tour de force à nous dépeindre la bande-son d'un film imaginaire. La fiction de ce qu'aurait pu donner Hiroshima post-explosion nucléaire en version The Walking Dead. En bien plus lugubre, décadent et malsain. Bref, aussi éprouvante peut être l'écoute de Through The Mirror, à tel point qu'on y reviendra de façon aussi préparée que sporadique, il faut reconnaître que ce champignon nucléaire se pose comme une expérience sonore édifiante. Encore faut-il avoir les oreilles ouvertes et bien accrochées. Et un esprit assez sain pour éviter de se laisser entraîner dans la psychose.


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Margoth
8
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le 31 août 2017

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