Scott Walker est une figure mythique des années 60, un chanteur/compositeur aux albums unique en leur temps, ne semblant appartenir véritablement a aucune époque par leurs instrumentation baroque et la voix douce, mélancolique mais hantée de son interprète. On pourrait voir Tilt comme une oeuvre a part, unique dans la discographie de son créateur, pourtant elle est en tout point liée aux albums précédents (c'est a dire les 4 "Scott" et "Climate of Hunter" je ne compte pas les albums de commande), faisant véritablement office de pont entre ses premières oeuvres et the Drift, sans doute son oeuvre la plus sombre et tourmentée. Mais les tourments ont toujours hanté ce cher Scott, il n'était juste pas en mesure du pondre une oeuvre aussi unique que Tilt en son époque. Etant le maître total de son oeuvre, toute la dépression et les cauchemars de l'artiste s'exprime dans Tilt. Les atmosphères y sont sombres, désolées (bolivia 95') voir suffocantes, avec un sentiment de deuil, de déclin de la vie omniprésent (bouncer see bouncer) tandis que d'autres sont effrayantes au possible (the cockfighter) et nous font même sursauter. Et pourtant une grâce, une grande beauté règne dans ce royaume de ténèbres qu'est Tilt. Car malgré les instrumentations lentes, sombres, mélancolique, la voix de Scott règne de toute sa maestria et de toute sa beauté d'antan, mais avec une espèce de lassitude, d'usure des années et évidemment un caractère plus sombre dû a la dépression qui l'a frappé. Comment ne pas succomber a Farmer in the city et au passages explosant de magnificence de "Patriot (a single) ? Scott au chant reverbéré nous semble être le dernier chanteur sur terre, dans un paysage post apocalyptique, le dernier crooner que l'humanité se devra d'entendre.