On connaît trop aujourd'hui les douloureuses circonstances (la mort de deux amis, pour cause d'abus en tous genres) qui ont amené Neil Young à enregistrer cet album ravagé, où la voix déraille sans cesse, où les guitares hululent et le piano sent la pluie. Si on l'écoute toujours aujourd'hui, ce n'est pas tant pour le fait-divers trop banal que pour l'universalité de ce chagrin et de cette amertume, que Neil exorcise sauvagement en hachant deux poignées de chansons, qui sont (ou tout au moins auraient pu être, dans d'autres circonstances) parmi les plus belles qu'il ait jamais écrites. Jamais un disque de mort n'a rendu la vie aussi déchirante, ni aussi indispensable.