Disma est une formation américaine réunie autour de Craig Pillard, qui depuis son départ d'Incantation a fait quelques expérimentations dans le doom avec Evoken et le drone avec Methadrone (deux albums et quelques démos et splits au compteur).
Ce dernier s'est acoquiné avec un ancien membre d'Incantation, Bill Denner, deux membres d'un groupe d'old school death nommé Funebrarum, Shawn Eldridge et Daryl Kahan et enfin son bassiste dans Methadrone, Randi Stokes pour former un entité assez mystérieuse car demeurée dans l'ombre depuis sa création en 2007, n'ayant sorti qu'un EP, une démo et un split en 4 ans d'existence, dont les morceaux sont quasiment tous repris sur cet album qui voit le jour donc en 2011 sur le label Profound Lore aux signatures aussi diverses que Melechesh, Agalloch ou Leviathan.
Voici donc l'aboutissement de toutes ces péripéties: "Towards the Megalith" est donc un condensé de toutes les influences sus-citées, correctement digérées et retranscrites dans 8 compos d'un peu moins de 6 minutes de moyenne, aux ambiances apocalyptiques, cultivées par des sons de gratte et de basse bien gras, un son de grosse caisse lourd et la voix gutturale ultra profonde caractéristique du sieur Pillard.
Au premier abord, Disma pourrait paraître comme un clone d'Incantation première époque, Craig Pillard y étant bien évidemment pour beaucoup. Au fur et à mesure des écoutes, celui-là se révèle moins blasphématoire que celui-ci, mais encore plus sombre et atmosphérique, l'alternance des tempos tantôt rapides tantôt lents sur des passages carrément doom funéraire. "Vault of Membros" en est un exemple édifiant, au démarrage d'une lourdeur pachydermique renforcée par la saturation outrageuse de la basse et le guttural abyssal de Pillard ; et comme 6:26 c'est long, le tempo change à plusieurs reprises dans le morceau et on ne voit finalement pas le temps passer.
C'est le cas pour la plupart des titres de l'album, une grande homogénéité prédomine qui facilite grandement l'instauration de cette ambiance morbide dont Incantation semble avoir perdu le secret.
Quant aux autres atours, productions et artwork, le niveau de perfection atteint montre que le projet a été longuement mûri: le son est nickel mais sonne indéniablement old school ; on ne se lasse pas d'admirer la pochette, digipack agrémenté d'un œuvre d'Ola Larsson, illustrateur digital suédois de grand talent ayant déjà dessiné pour le split Disma/Winterwolf cette année.
Tout concourt à l'élévation de ce premier album au rang de chef-d'œuvre, du death metal old school nourri d'influences drone et doom exécuté par des maîtres dans l'art de retranscrire des atmosphères lugubres et occultes. Déjà culte !