System of a Down, j’en ai bouffé. Quand j’étais au lycée, c’était populaire, beaucoup trop pour moi. Chop Suey et Toxicity, bien que sorties quatre ans auparavant, on les entendait de partout, à chaque soirée, et d’ailleurs, ça n’a pas vraiment changé. « Ah tiens ! C’est pour toi, t’aimes le metal, toi ! » Le syndrôme AC/DC fonctionne aussi pour ce groupe. J’ai dû attendre mes vingt ans avant de pouvoir écouté, histoire que ça se tasse un peu et que ce soit par conséquent moins chiant.
L’album Toxicity a le statut de magnum opus du groupe. J’ai donc tenté l’expérience, et disons que j’ai compris pourquoi il plaisait autant, j’ai ressenti la même chose que je pourrais ressentir en écoutant Manowar, mais avec mon entendement seul, la passion étant engoncée, et ça n’a pas pris avec moi. Ce qui est à souligner, c’est que, de la chanson d’ouverture Prison Song à la tumultueuse Bounce, on est sur une série de six petites bombes explosives qui contiennent assez de détonnations pour nous maintenir surexcités durant l’écoute, et ça c’est fort ! Mention spéciale à X, la meilleure des six.
Cependant, après cette déflagration, l'album souffre d'une certaine redondance et s'essouffler quelque peu. L'étrange ATWA semble ainsi s'embourber dans le délire, tandis que Deer Danceest un peu trop linéaire pour être vraiment mémorable. Quant à Aerials, si elle offre de jolies montées en puissance, notamment au niveau de la belle voix de Tankian, elle finit malheureusement par basculer dans une niaiserie un peu trop éculée pour convaincre pleinement.
Le morceau Toxicity est du même acabit, j’ai toujours eu du mal avec la mièvrerie des couplets, et le chant rageur de Tankian vient quand-même sauver le tout quand il gagne en intensité après les quelques secondes du refrain.
Chop Suey est vraiment énorme, un petit Bohemian Rhapsody, pas grand chose à redire de plus si ce n’est bravo au groupe pour cette perle, même si elle devient usante à force d’écoutes interminables à travers les soirées.
Malgré mes préjugés élitistes et mon rejet systématique de la modernité, Toxicity est un album qui aura su me surprendre, surtout au début. L’essouflement qui a lieu ensuite ne rend pas la sensation globale désagréable pour autant, disons que c’est satisfaisant.