J’ai mis une super note à cet album parce que j’ai franchement bien aimé. Je suis très loin d’être un connaisseur en électro mais j’ai adoré cet album. La raison pour laquelle j’écris cette critique se trouve dans l’interview qu’Aaron Funk, petit bonhomme canadien qui se cache derrière Venetian Snares, a donnée à Bandcamp il y a quelques semaines, disponible ici
https://blog.bandcamp.com/2016/02/19/ghosts-in-the-machine/
Si vous avez la flemme de lire, je vous fais un résumé rapide : Aaron Funk n’a pas composé cet album. C’est-à-dire que, par un jeu de branchements, d’oscillateurs de filtres et de modulateurs que je ne comprends absolument pas, Aaron Funk a donné à son synthétiseur la capacité de lui répondre, et donc de « converser » musicalement avec lui. S’instaure alors un véritable dialogue du musicien avec la machine, qui ici cesse d’être instrument pour se hisser à la hauteur de l’humain créateur. C’est cette dimension tout à fait nouvelle (Du moins il me semble.) qui rend Traditional Synthetizer Music assez impressionnant. Cet album est une réussite indiscutable. En même temps qu’Aaron Funk contraint volontairement son propre « génie », sa créativité, il donne à la machine une marge de manœuvre bien plus importante.
« Every time Funk patched one unit of the synth to another, the resulting sound opened up a series of further possibilities that he had to react to. »
Cet album est un tour de force. D'un côté il démonte la représentation humanoïde conventionnelle et par ailleurs assez restrictive que l’on se fait généralement de l’intelligence artificielle. Celle-ci n’est ici qu’un simple synthétiseur. Et en même temps, il confirme les interrogations et expérimentations concernant la capacité créative et artistique de la machine, qui se multiplient depuis quelques mois ( http://deepdreamgenerator.com / http://www.hornsup.fr/a-13663/articles/generation-musicale ).
En me lançant dans l’écoute d’un skeud dont les compositions sont le résultat spontané d’un dialogue humain/machine, je m’attendais à être plongé dans de l’expérimentation sans limites, de la déconstruction rythmique à tire-larigot, voire dans un marasme inaudible et ésotérique. Il n’en est rien. Chaque titre de TSM est rythmé, structuré proprement, tout à fait accessible. Même sur la dernière piste, « Paganism Ratchets », qui je pense est la plus expérimentale de l’album, Aaron Funk et son synthé parviennent à ne pas se perdre dans des méandres sonores. La preuve, même un glandu qui ne connaît fichtrement rien à l’électro (moi.) s’y retrouve et s’y complaît. Venetian Snares n’abuse pas de dissonances ou d’arythmies (même s’il y en a quand même, cf , et « She Married A Chess Computer In The End »), et livre un album surprenant et novateur.