Sous un titre tapageur, Benjamin Biolay livre son album le plus subtil, accrocheur et puissant à ce jour. Depuis ses débuts avec "A l’origine des arguments musicaux et littéraires", il a su allier savoir-faire en matière d'agencement musical et une approche quasi animale de l'écriture de chansons.Dans ce nouvel opus, chaque nuance est parfaitement détournée pour impressionner dès les premières notes avec l'enveloppe imposante du morceau Bien avant. Le chant soprano façon Edda Dell'Orso accompagne une parade d'instruments funambules qui créent des climats intimes et tendus embrassés en plans panoramiques. Les mélodies sont infectieuses tandis que les influences d'Ennio Morricone et de Jean-Claude Vannier planent dans l'air (explicitement sur le fabuleux Cactus concerto). Tous ces éléments tirent humblement tout le rock français vers le haut.Les textes sont particulièrement saillants ici ; dans la bouche d'un Daniel Darc ou d'un Miossec ou sous la plume moite d'un Houellebecq, ils seraient sans aucun doute reçus avec meilleure grâce. Malgré cela, Biolay se blinde définitivement avec cet album souvent foudroyant face à ceux qui osent encore le prendre pour un gentil faiseur sans substance ni affect.Loin de là ! Avec pas moins de quatre singles potentiels tractés par la désormais fameuse Merco Benz, il semble que cet album puisse rassembler un large public populaire sans tomber dans la facilité ou le populisme. Cet exploit est à souligner dans la chanson française actuelle.En somme, Benjamin Biolay livre un album puissant et subtil qui montre une maîtrise technique remarquable et des influences variées habilement intégrées pour créer quelque chose de nouveau. Les textes sont saillants et les mélodies infectieuses tandis que l'enveloppe imposante du disque crée une expérience musicale immersive. Un must-have pour tout amateur de rock français sophistiqué !