Pour son 3e album, Elton John s'éloigne des rives de la chanson pop anglaise aux accents baroques pour amarrer sur les côtes américaines. Oubliées les orchestrations raffinées aux clavecins ou cordes frottées, il se pare d'un style plus américain. Enfin, il essaye car il ne peut s'empêcher de revenir à ses amours, et l'on assiste à quelques allers-retours entre son style de prédilection et ses ambitions américaines.
Malgré tout, la plupart de ses sempiternelles ballades traversent cette fois-ci des terres habitées de blues, de country, et de soul. Et comme Bernie Taupin est au diapason avec des textes mettant à l'honneur la vie du midwest, cet album est par son thème un objet à part dans la riche discographie de l'anglais.

Tout commence avec une guitare et un piano ; les deux dessinent un thème bluesy pour une histoire de fugitif qui se fait rattraper. L'ambiance est plantée. Avec une ligne de basse groovy, la proéminence des cymbales dans le jeu de batterie, et un solo de guitare, on est transporté dans le Southern. De l'inédit chez Elton John, mais la métamorphose est réussie. La présence dans les choeurs de la plus américaine des pop singer anglaises, Dusty Springfield, ne fait que confirmer l'ambition de l'album.
S'en suit "Come Down in Time", originellement enregistrée pour l'album précédant, donc détonnant avec le reste de celui-ci. Première trahison à ses aspirations, premier retour à ses amours. Hautbois, harpes, cors et cordes frottées sont de la partie pour une douce mélancolie.
Comme pour se faire pardonner, Elton reprend de plus belle sa marche à travers l'Amérique. Country, blues, gospel, soul, folk, jazz, toutes les influences du pays de l'oncle Tom traversent sa musique. "Son of Your Father" est irresistible, et "Love Song" semble tout droit sortie de l'album éponyme de Crosby, Stills & Nash. De sublimes harmonies vocales pour un moment de grâce.
Après une ultime infidélité musicale à son sujet avec "Talking Old Soldiers", un piano-voix dénudé mais émouvant, Elton John conclut par "Burn Down the Mission". Un morceau alternant calme et énergie pour conter une énigmatique révolte ou vengeance solitaire.

Indéniablement l'un des albums les plus intéressants du maître.
Hunky-Dory
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 6 juin 2012

Critique lue 650 fois

13 j'aime

8 commentaires

Hunky-Dory

Écrit par

Critique lue 650 fois

13
8

D'autres avis sur Tumbleweed Connection

Tumbleweed Connection
olimacca13
7

Critique de Tumbleweed Connection par olimacca13

Avec Elton comme compositeur et Bernie Taupin aux paroles comme d'hab. Tumbleweed Connection est un album à part dans sa discographie ! Il y mélange les genres. On le découvre dès "Ballad of a...

le 17 juil. 2013

2 j'aime

1

Du même critique

Les Nouveaux Chiens de garde
Hunky-Dory
7

Critique de Les Nouveaux Chiens de garde par Hunky-Dory

Ce documentaire tiré de l'essai de Serge Halimi fait état des collusions entre les mondes médiatiques, politiques et surtout économiques. Se revendiquant dans la veine de Paul Nizan, il rappelle...

le 12 janv. 2012

49 j'aime

4

Populaire
Hunky-Dory
6

Comédie sans prétention ou sans ambition ?

Le synopsis n'est pas très encourageant. Des concours dactylographiques, ça promet d'être ennuyant et répétitif. Pourtant, le film part sur un beau rythme. Deborah François et Romain Duris sont dans...

le 19 oct. 2012

37 j'aime