1979, Tusk ..
Un cabot qui te chope le mollet! Rien qu'à voir la pochette tu comprends que Fleetwood mac veut, (encore une fois) passer à autre chose et donc bousculer son public.
C'est la marque de fabrique du groupe, toujours être en mouvement. Deux albums de blues rock, un détour par le rock psychédélique, avant de s'enfoncer dans une impasse rockabilly, puis demi tour et on enchaine sur quelques disques qui ont le potentiel d'être des classiques du rock, oui, mais, ...qui font flop!
Les musiciens finissent pour la plupart dans un asile ou dans des sectes christiques jusqu'à l'arrivée d'un couple qui se met sur la gueule à peine qu'ils ont franchi le pas de la porte!
Et là, alors que tout semble perdu... enfin le succès ..
Presque 10 ans après ses débuts Fleetwood Mac ou ce qu'il en reste décroche enfin la timbale avec l'album éponyme suivi de Rumours qui fait de lui l'un des plus grands vendeurs de disque "All Time"
Et maintenant on fait quoi?
Nobody knows sauf Lyndsey qui veut casser le jouet.
Qu'est ce que le public aime chez Fleewood mac? Le son? Les mélodies? Les belles orchestrations? Le groove?
Bon, Ok, alors foutons tout ça à la poubelle!!
On va faire des morceaux bizarres qui si possible ressemblent à des démos.
Un disque étrange donc mais qui va couter un bras à la maison de disque qui devient blême lorsqu'elle entend le résultat.
20 chansons, un double album donc, qui contient au moins une moitié de titres bizarroïdes tous signés par Lindsey Buckingham
Il faut écouter The ledge, what makes you think, That's all for everyone ou No that funny à la suite pour comprendre le délire dans lequel était le chanteur au moment de ce disque. Un esprit très proche de ce que McCartney fera un an plus tard avec son projet McCartney 2, mais sans les tubes. Ici pas de coming up pour aider l'auditeur à monter dans le train, c'est barré du début à la fin.
Et même lorsque ca devient chef d'oeuvrique comme sur le monumental TUSK, un sommet d'écriture, il faut quand même faire l'effort d'escalader la montagne si on veut apprécier la vue .
Il faut donc de nombreuses écoutes pour entrer dans le délire de Buckingham, oui, mais une fois qu'on accepte de le suivre dans ce voyage on finit par complètement adhérer à la démarche jusqu'à prendre son pied au point d'enchainer en mode playlist ces 10 chansons singulières.
Car au final sans ces hors pistes l'album tusk aurait probablement été un bad trip, tant l'écriture de Christine Mcvie semble, un peu, en panne sèche sur cet album.
Dans ses meilleurs moment elle arrive à faire revivre la formule magique qui a fait le succès du groupe (save me a place) mais le plus souvent ses compositions, malgré de belles mélodies, tournent (un peu) à vide.
Over and over est un somnifère, Brown Eyes et Never Make Me Cry sont dans le ventre mou du disque.
Les mélodies sont pourtant belles, c'est vrai, et en ce sens ces chansons ne sont pas mauvaises (loin de là), oui, mais elle ne surprennent plus vraiment. On sent que dans ce disque Christine exprime davantage un savoir faire qu'une véritable inspiration.
A l'inverse Steve Nicks tient, elle, la comparaison avec Lindsay. Oh, elle non plus, ne réinvente pas la lune, oui, mais ces chansons restent fortes et pertinentes : Sara, Storms, angel (le fantastique Angel!) et le très sous estimé beautifull child sont d'une beauté presque irréelle mais c'est avec sisters of the moon qu'elle signe son chef d'oeuvre, aidé il faut bien le dire par un solo épique de Lindsey Buckingham .
Est ce que ce disque a fait un flop? surement pas puisque des millions d'exemplaires se sont écoulés. Il n'a cependant pas atteint les records du précédent ce qui au vu du contenu était impossible. Tusk démontre , s'il en était encore besoin, que Fleetwwod mac est beaucoup plus qu'un groupe de pop dont l'objectif est d'enchainer les succès. Ce band est composé de gens passionnés pour qui la musique est beaucoup plus qu'un métier.
En 1979 Fleetwood Mac est déjà un vieux groupe mais il a toujours la foi de ses débuts. Combien de groupe peuvent dire la même chose après plus de dix ans d'existence?
Bien souvent dans un groupe les premiers albums sont les meilleurs, chez Fleetwood mac il n'y a pas de déchets. cette formidable vitalité vient de ce qui aurait dû lui être fatal, son instabilité.
Fleetwood mac symbolise mieux que quiconque ce vieil adage de Nietzsche : Ce qui ne tue pas rend plus fort !